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En RDC, les enfants volés de Goma

Depuis un an, les rapts se multiplient dans la capitale du Nord-Kivu, où l’armée et de multiples milices maintiennent une tension permanente.

Par  (Goma, envoyé spécial)

Publié le 08 février 2018 à 14h17, modifié le 19 février 2018 à 14h18

Temps de Lecture 6 min.

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Sur le flanc du volcan Nyiragongo, à Goma, en République démocratique du Congo, en 2006.

Dans l’immense périphérie de Goma, principale ville de l’est de la République démocratique du Congo (RDC), le ciel plombé de la saison sèche se reflète dans le sol couleur de cendre des ruelles creusées dans la roche du volcan Nyiragongo, donnant au quartier Majengo des teintes sinistres.

En 1997, Valentin Sendegeya a quitté son territoire natal de Rutshuru pour vivre ici avec son épouse, Consolée Ndabonimpa. « C’est comme si nous étions en deuil », dit l’ancien fonctionnaire de 47 ans, au front strié de petites cicatrices, les sourcils toujours froncés. Voilà plusieurs semaines que leur fille de 11 ans, Vanessa, n’est pas rentrée de l’école. « Elle a disparu la veille de l’examen », insiste le père, désespéré. La mère reste silencieuse.

On ne sait pas qui a enlevé Vanessa. Aucune demande de rançon n’a été faite. Valentin Sendegeya a lancé des communiqués, frappé en vain à la porte des églises, des ONG et des radios. Il y a eu des appels, des faux témoignages. Des voisins ont insinué qu’il fallait donner 2 000 dollars (1 636 euros). Des pasteurs ont joué les intermédiaires avec des ravisseurs qu’ils ne connaissaient pas. Valentin Sendegeya s’est résolu à proposer une récompense : « Ces derniers temps, c’est l’argent qui compte. L’enlèvement est devenu monnaie courante. »

Puis les visions d’une vieille femme de Majengo ont relancé l’espoir. Elle disait que l’enfant, retenue dans une maison, réapparaîtrait avant un mois. Les parents lui ont donné quelques billets. Ils ont dit aux six frères et sœurs de Vanessa qu’elle allait revenir. Mais, pour l’instant, à Majengo, personne n’a vu Vanessa autrement qu’en songe.

Vanessa n’est pas la seule enfant kidnappée dans les quartiers populaires de Goma. Le phénomène a débuté en janvier 2017 et se poursuit depuis. Des dizaines de cas ont été mentionnés depuis le printemps par les médias locaux, sans véritable recensement. « A Goma, il y a eu les pillages pendant la guerre, puis les viols de nos femmes. Ensuite, les kidnappings d’adultes. Maintenant, on enlève des enfants », égrène Valentin Sendegeya. Le 25 janvier, plusieurs centaines d’élèves de l’Institut Majengo, un établissement scolaire, ont manifesté après l’enlèvement, trois jours plus tôt, d’un des leurs.

Mosaïque de peuples, de langues et d’histoires, la capitale de la province du Nord-Kivu gonfle au rythme des déplacements de populations fuyant les violences des collines environnantes. A moins de 50 km de la ville, des villageois sont tués, des récoltes pillées, des prêtres, des paysans ou des humanitaires enlevés. L’armée et de multiples milices, entretenues ou simplement abandonnées à leur sort, maintiennent une tension permanente depuis deux décennies. A tel point que Goma est devenue le quartier général de la Monusco, la Mission des Nations unies en RDC.

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