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La France est devenue le quatrième partenaire commercial de Téhéran

Les obstacles sont loin d'être levés mais l'intérêt des entreprises françaises pour le marché iranien demeure, malgré l'inconnue posée par la politique américaine.

Par Virginie Robert

Publié le 8 févr. 2018 à 16:23

La levée des sanctions depuis l'accord sur le nucléaire iranien en juillet 2015 a conduit la France à se positionner comme le quatrième partenaire commercial actuel de Téheran, derrière l'Allemagne, l'Italie et les Pays-Bas. Sa part de marché est encore faible (1 % contre 4 % pour l'Allemagne), mais l'activité commerciale entre la France et l'Iran a doublé l'an dernier par rapport à 2016. Selon les derniers chiffres du Trésor, sur les dix premiers mois de 2017, les exportations françaises ont atteint 1,2 milliard d'euros tandis que les importations se sont établies à 2 milliards d'euros, essentiellement dans les hydrocarbures.

Les Français prennent notamment position sur les marchés des transports, de la santé et de l'aéronautique. Renault a ainsi profité de sa bonne implantation en Iran, qui est devenu le huitième marché du groupe, avec 162.000 ventes en 2017 (+49 %). Vinci attend les concessions pour rénover et exploiter les aéroports de Masshad et d'Ispahan. Un intermédiaire financier a vu son volume d'affaires progresser de 30 % l'an dernier. Mais parce que les structures de financement font gravement défaut, « il y a eu entre 300 et 400 millions d'exportations de la France vers l'Iran qui n'ont pas pu se faire en 2017 », estime-t-il.

L'inconnue américaine

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L'incertitude concernant les sanctions américaines est le facteur le plus inhibant pour les entreprises. Le président Trump a donné un ultimatum aux Européens pour remédier « aux défauts » de l'accord sur le nucléaire de 2015 et le sauver avant le 12 mai prochain. 

Faute de quoi, tout peut arriver, à commencer par le rétablissement de sanctions extraterritoriales qui puniraient des entreprises non-américaines de commercer avec l'Iran. Ce serait « un vrai problème », a déclaré jeudi le patron de Total. « Nous devons trouver un moyen, au cas où le pire arrive… de protéger les sociétés européennes et leurs investissements », a souligné Patrick Pouyanné. « La situation est très paradoxale. Le PrésidentTrump a causé beaucoup d'anxiété, mais depuis quelques semaines, nous voyons revenir des entreprises de taille conséquente dans le cadre de projets à mener en Iran », observe cependant Mahasti Razavi, avocat associé chez August Debouzy.

BPI lancera son offre en juin

Les difficultés de financement privé -faute de pouvoir utiliser le dollar- sont l'autre obstacle majeur. Les pouvoirs publics tentent d'utiliser BPI France pour combler le vide laissé par les banques françaises qui refusent de s'impliquer. La BPI (Banque publique d'investissement) est en train de mettre au point une assurance crédit publique qui viendra en complément d'une offre de financement bancaire via BPI Financement. 

 Il y a un flot d'affaires naturel de 1,5 milliard d'euros entre la France et l'Iran. 

Elle va profiter d'une première allocation de 100 millions d'euros votée par le Parlement pour commencer à financer les projets des entreprises françaises. « Il y a un flot d'affaires naturel de 1,5 milliard d'euros entre la France et l'Iran », constatait jeudi Nicolas Dufourcq à la conférence euromoney à Paris sur l'Iran. L'activité d'assurance-crédit ne pèse pas sur le bilan de BPI France et n'est donc pas limitée. Pour ce qui est du financement, il faudra une seconde enveloppe des pouvoirs publics puis la levée d'un fonds dédié en euro au commerce avec l'Iran. Le PDG de BPI France a annoncé le lancement de l'offre de financement en juin prochain.

Poursuite des réformes à Téhéran

Les investisseurs étrangers attendent encore beaucoup de progrès en Iran. Il faut que le pays améliore la solidité de son système bancaire comme sa transparence financière : il est encore sur la liste du Gafi pour financement du terrorisme et blanchiment d'argent. 

Les entreprises étrangères se plaignent du double taux de change -celui établi par la Banque centrale d'Iran et le taux du marché -qui renchérit beaucoup le coût d'acquisition de biens pour les Iraniens. Les investisseurs souhaitent également des réformes du marché du travail et du système fiscal. Enfin, ils attendent la mise en place d'une structure pour arbitrer les différends commerciaux. « Il faut des règles plus claires sur la propriété et alléger les procédures de licences, souligne Alia Moubayed, de l'International Institute for Strategic Studies. Comme il faut des réformes structurelles, de la gouvernance d'entreprise et des investissements en infrastructures et logisitiques ». Autant de sujets, qui en plus de la question des missiles balistiques et des crises au Moyen-Orient, animeront les discussions de Jean-Yves Le Drian le 4 mars prochain à Téhéran, avant celle du président Macron en mai.

Virginie Robert

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