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Santé

Filtergate : l'industrie du tabac accusée de fausser les taux de goudron et nicotine

Les industriels du tabac font l'objet d'une plainte du Comité National Contre le Tabagisme (CNCT) pour "mise en danger d'autrui". En cause, la falsification des tests sur les taux de goudrons et nicotine, de sorte que les fumeurs fumeraient en réalité 2 à 10 fois plus qu'ils ne le pensent.

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L'industrie du tabac accusée de fausser les taux de goudron et nicotine dans les cigarettes

Près de 16 millions de personnes fument en France.

Frédéric Cirou / AltoPress / PhotoAlto

L'association Comité National Contre le Tabagisme (CNCT) a déposé une plainte contre plusieurs fabricants de tabac de "mise en danger d’autrui", une affaire nommée "Filtergate" par le CNCT et révélée par Le Monde le vendredi 9 février 2018. En cause, une accusation de "manipulation de leurs produits en vue de falsifier les tests requis par les autorités sanitaires relatifs aux goudrons, monoxyde de carbone et nicotine", selon un communiqué du CNCT du même jour, signalant également que "des procédures similaires ont été lancées ou sont en cours dans d’autres pays, pouvant impliquer des associations de malades". La plainte, dont l'AFP a obtenu copie, vise les filiales françaises des quatre grands cigarettiers, Philip Morris, British American Tobacco, Japan Tobacco International et Imperial Brands (dont Seita est une filiale). Elle a été déposée le 18 janvier 2018 au parquet de Paris, a précisé à l'AFP l'avocat du CNCT, Pierre Kopp.

Des aérations percées dans les filtres qui trompent les tests

Afin de ventiler la fumée inhalée, 97% des filtres de cigarettes sont percés de minuscules orifices, imperceptibles à l'œil nu. Problème : si grâce à cette "ventilation" la dilution de la fumée est réelle lors du test par une machine, ce n'est pas le cas lors de l'usage par les fumeurs, dont les lèvres et les doigts bouchent les orifices du filtre. "Ce dispositif de micro-orifices dans le filtre des cigarettes empêche les autorités de savoir si les seuils de goudron, de nicotine, et de monoxyde de carbone qu'elles ont fixés sont dépassés", fait valoir le CNCT.

À l'appui de ses dires, le CNCT cite dans sa plainte des documents écrits par les industriels, dont une plainte lancée en 1982 en Suisse par Philip Morris et deux autres sociétés contre British American Tobacco (BAT). Ce litige avait éclaté après une campagne de publicité de BAT selon laquelle sa nouvelle cigarette, Barclay, présentait des teneurs en goudrons "particulièrement basses". "Si les indications figurant sur les emballages de la cigarette Barclay sont exactes lorsque la cigarette est testée au moyen d'une machine standardisée, ces résultats sont totalement différents lorsque la cigarette Barclay est fumée par une bouche humaine", avançaient à l'époque les entreprises plaignantes. "En effet, les lèvres du fumeur vont partiellement ou totalement recouvrir l'orifice des quatre canaux périphériques dont est muni le filtre (...) de telle manière que l'air extérieur conduit par lesdits canaux ne pénètre pas dans la bouche du fumeur", ajoutaient-elles.

Les fumeurs fumeraient 2 à 10 fois plus de paquets que ce qu'ils croient

Ainsi, le CNCT estime que les fumeurs consomment entre 2 et 10 fois plus de goudron et 5 fois plus de nicotine que ce qu'ils croient"Les fumeurs qui pensent fumer un paquet par jour en fument en fait l'équivalent de deux à dix", s'indignent-ils, qualifiant ces faits de "tromperie délibérée des pouvoirs publics et des consommateurs". L'existence de "trous de ventilation" dans les filtres à cigarettes n'est pas nouvelle. Elle date selon le CNCT de la fin des années 50, au moment où les mesures du taux de goudrons et de nicotine ont commencé à être imposés aux Etats-Unis. Depuis l'apparition du paquet neutre le 1er janvier 2017, la mention des taux de goudron et de nicotine ne figure plus sur les paquets. "Notre objectif, c'est qu'on en parle et que les Français comprennent quel est le comportement de cette industrie", a déclaré à l'AFP le président du CNCT, le professeur Yves Martinet, "son objectif, c'est de rendre les gens accros à la nicotine, pour qu'ils reviennent acheter leur drogue".

CIGARETTE ET CANCER. Selon l'Inca, le tabac est responsable de "73.000 décès dont 45.000 décès par cancer chaque année en France" et est "de loin" le plus gros facteur de risque de développer un cancer. Parmi les 17 types de cancer favorisés par la cigarette, le cancer du poumon figure en première place avec 82 % des décès imputables au tabagisme.

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