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Moyen-Orient

Pourquoi Macron et Philippe jouent la carte des Émirats arabes unis

Trois mois après Emmanuel Macron, Edouard Philippe se rend ce week-end dans les Émirats arabes unis, meilleurs alliés de la France dans la région.

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Emmanuel Macron en visite au Louvre Abu Dhabi le 8 novembre 2017.

Emmanuel Macron en visite au Louvre Abu Dhabi le 8 novembre 2017.

ludovic MARIN / AFP

Edouard Philippe va jouer les super-VRP de l'économie française ce week-end. Trois mois après la venue d'Emmanuel Macron pour l'inauguration en grande pompe du Louvre Abu Dhabi, le Premier ministre va effectuer une visite de deux jours aux Émirats arabes unis. Le chef du gouvernement est attendu samedi à Abu Dhabi, où il s'entretiendra avec l'homme fort du pays, le prince héritier Mohammed Ben Zayed ("MBZ"), avant de rejoindre Dubaï pour participer au World Government Summit, qui réunit tous les ans le Gotha des décideurs publics et privés de la planète. Ce "Davos du Golfe" permettra à l'exécutif de défendre "l'agenda de transformation" et "d'expliquer toutes les réformes menées depuis le début du quinquennat", précise-t-on à Matignon. Un voyage en classe business qui passera aussi par des rencontres avec les deux plus puissants fonds souverains du pays : Mubadala Investment Company et Adia , très présents en France mais dont Paris souhaite qu'ils investissent plus.

Macron penche pour les Émirats

Alors que Nicolas Sarkozy avait fait le pari du Qatar et François Hollande celui de l'Arabie saoudite, Emmanuel Macron paraît privilégier les Émirats arabes unis depuis son élection. Le chef de l'État n'a, par exemple, pas tari d'éloges sur ce "partenaire de confiance" lors de sa visite en novembre. "Macron et Le Drian misent beaucoup sur Mohammed ben Zayed, très influent auprès de Mohammed ben Salmane (le prince héritier d'Arabie saoudite, Ndlr) et moins belliqueux que lui, observe un ancien ambassadeur dans la région. C'est MBZ qui a présenté MBS à de nombreux chefs d'Etats étrangers et l'avait introduit aux Etats-Unis". Se rapprocher de l'homme fort des Émirats pour mieux gagner la confiance du turbulent leader saoudien, tel semble être la stratégie d'Emmanuel Macron. Et celle-ci a déjà porté ses fruits : c'est grâce à un coup de fil vespéral de ben Zayed à MBS, le 8 novembre, que le président français a pu être reçu en urgence à Riyad. Quelques jours plus tard, la France débloquait le dossier Hariri en l'invitant à Paris. "Un très beau coup diplomatique", salue le général et historien libanais Hicham Jaber.

Le tropisme émirati du nouveau président s'est également révélé sonnant et trébuchant ces derniers mois. Le 9 novembre dernier, le voyage d'Emmanuel Macron s'était notamment conclu par l'achat de deux corvettes Gowind de Naval Group par le richissime émirat, et par la création de deux fonds de 500 millions d'euros chacun entre CDC International Capital, Bpifrance et Mubadala. Le premier est une extension du fonds franco-émirien créé en 2014 entre CDC International Capital et Mubadala, quant au second il financera essentiellement des startups françaises spécialisées dans la médecine personnalisée et des greentech. En pleine diversification depuis deux ans, Mubadala, doté de 120 milliards de dollars, a notamment investi 15 milliards de dollars en mai dans le mégafonds de 100 milliards du géant japonais Softbank. Dirigé par Khaldoun al Mubarak, très proche de "MBZ", Mubadala a également lancé mi-octobre avec Softbank un fonds de 400 millions de dollars dédiés aux startups du milieu de la tech en Europe et aux États-Unis.

Convaincre l'Adia et ses 700 milliards d'actifs

Le voyage d'Edouard Philippe visera à rechercher d'autres partenariats avec Mubadala mais aussi à se rapprocher de l'Abu Dhabi Investment Authority (Adia), le plus puissant fonds souverain du pays, qui pèse 700 milliards d'euros. Conseillé par le français Jean-Paul Villain, un ancien de Paribas Asset Management, l'Adia se veut un fonds plus conservateur que Mubadala. "Les investissements d'Adia sont très concentrés dans l'immobilier mais on serait tout à fait ouverts, avec ce fonds-là mais aussi avec d'autres, à des investissements un peu plus productifs", note-t-on à Matignon, citant entre autres le secteur des infrastructures. La question aéronautique pourrait également être abordée, trois semaines après l'annonce par Airbus de la signature avec Emirates d'un protocole d'accord en vue d'une commande de 20 A380 avec une option sur 16 autres pour un total de 16 milliards de dollars (13 milliards d'euros).

Cette visite d'Edouard Philippe devrait donner lieu à celle de Mohammed Ben Zayed dans l'Hexagone dans les prochains mois, indique Matignon. Ce dernier qui avait été reçu à l‘Elysée en juin, succédera à son homologue saoudien, dont la visite d'Etat en France est prévue pour le début du mois de mars. Au retour d'un voyage aux États-Unis, allié historique de Riyad, Mohammed ben Salmane se rendra à Paris et rencontrera ensuite plusieurs dirigeants européens. "Cette visite sera placée sous le signe de la Vision 2030 (celle-ci vise à sortir le royaume de sa dépendance au pétrole, Ndlr) et plusieurs contrats, essentiellement civils, seront annoncés" précise un bon connaisseur des affaires franco-saoudiennes. En attendant, l'exécutif espère bien avoir fait le plein de contrats en terre émiratie.

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