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Politique

"L'Insoumis" : un documentaire bienveillant sur la campagne de Jean-Luc Mélenchon

Le documentariste Gilles Perret a suivi pendant plus de deux mois le leader de la France insoumise lors de la dernière campagne présidentielle. Jean-Luc Mélenchon y apparaît tour à tour affable, confiant et déçu par l'issue de la présidentielle.

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Capture d'écran "L'Insoumis"

Un documentaire dévoile les coulisses de la campagne de Jean-Luc Mélenchon

Capture d'écran "L'Insoumis"

Tribun du peuple, chef de parti, ancien socialiste en rupture avec sa famille politique… Qui est Jean-Luc Mélenchon ? Gilles Perret lève une partie du voile sur le leader de la gauche de la gauche dans "L’Insoumis", un documentaire qui sortira le 21 février dans les salles de cinéma, et dont une version raccourcie a déjà été diffusé sur Public Sénat en août. Le réalisateur, déjà auteur de deux documentaires sur le Conseil national de la résistance et la Sécurité sociale, promène un regard bienveillant sur le patron de la France insoumise qu’il a suivi dans les derniers mois de la campagne présidentielle. L’ancien sénateur socialiste y apparaît sûr de ses chances de se qualifier au second tour, puis extrêmement déçu de son élimination.

Il se voyait au second tour

Dans l’une des scènes les plus marquantes du documentaire, le leader de la France insoumise assiste aux résultats du premier tour de la présidentielle dans une minuscule chambre d’auberge de jeunesse parisienne, près de la gare de l’Est. Rideaux tirés, dans la pénombre, Jean-Luc Mélenchon reçoit les premiers retours des instituts de sondages, entouré de son premier cercle. Ils sont mauvais. Le candidat de la gauche de la gauche est distancé par Emmanuel Macron, Marine Le Pen et François Fillon. Mais il n’en démord pas: le vote des grandes villes peut encore faire basculer le rapport de forces en sa faveur. Quelques minutes plus tôt, il a harangué ses troupes : "Je pense que ça va le faire. Préparez-vous, soyez forts et dignes, et rappelez-vous que l’on ne représente pas une secte mais le peuple français".

>> À lire aussi: Les dessous de l'étonnant documentaire sur la campagne de Mélenchon

A 20 heures, le couperet tombe: TF1 donne un second tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Incrédulité du leader de la France insoumise. "Moi j’y croirai quand le ministre de l’Intérieur l’aura confirmé", se renfrogne-t-il. Une amertume à la hauteur des espoirs suscités par la campagne du tribun de la gauche. Porté par des bons sondages et l’effondrement de la candidature socialiste de Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon y aura cru jusqu’au bout. Quelques jours avant le premier tour, il s’ouvre au documentariste : "Si on n'est pas au deuxième tour, il va y avoir beaucoup de monde de déçu, moi aussi d’ailleurs. Je me suis tellement fait à l’idée maintenant". 

Un passage explosif à "C a vous"

Autre aspect exploré par le documentaire, l’obsession de Jean-Luc Mélenchon pour le traitement médiatique qui lui est réservé. Entouré de ses proches – Alexis Corbière, Sophia Chikirou, Juliette Prados, Manuel Bompard – Jean-Luc Mélenchon épluche chaque jour la presse nationale et décortique les choix éditoriaux et iconographiques des articles le concernant. Une vigilance qui confine à la paranoïa lorsqu’il s’agit de l’audiovisuel public. "France 2, c’est l’ennemi. Il faut faire attention: est-ce que ça vaut la peine d’aller là dedans?", s'interroge le candidat lors d’une réunion avec son équipe de campagne. Dans le viseur de l’ancien sénateur, "L’émission politique" présentée par David Pujadas. "France 2, ils essayent continuellement d’organiser un traquenard pour que ça joue contre toi. L’émission politique, elle était pas destinée à savoir ce que pensait Jean-Luc Mélenchon, elle était destinée à faire penser que j’étais comme le Front national et que j’étais même moins bien que le Front national. C’est ignoble, le mémo de Lenglet est absolument répugnant et l’interpellation de Pujadas, je ne lui pardonnerai jamais. (…) Le service public nous est hostile, il y a des militants politiques, Saint-Cricq, Guetta, Cohen, dès qu’on arrive ils nous sautent à la gorge".

Climax de la tension, le passage explosif du candidat dans l’émission de France 5 "C a vous" un mois avant le premier tour de la présidentielle. Sur le plateau, les échanges sont tendus. Ils le sont encore plus à la fin du programme. Jean-Luc Mélenchon enrage : "Plus jamais. Je ne veux plus les voir, c’est des ordures. Pourquoi vous faites ça ? Vous n’êtes que des salauds. C’est dégueulasse". Dans le véhicule qui le ramène à son domicile, le leader de la gauche en rajoute : "Il y a rien qui m’oblige dans ma vie à subir de telles offenses à être traîné dans cette merde".

Macron le "libéral échevelé"

Paradoxalement, le documentaire donne également à voir un Jean-Luc Mélenchon détendu, affable et souriant, loin de l’image publique de tribun "dégagiste" qu’il s’est construite. Entouré d’une équipe rajeunie et féminisée, le patron de la France insoumise multiplie les traits d’humour pour le plus grand bonheur de ses collaborateurs. Lorsque Macron se prend les pieds dans le tapis en confondant la Guyane avec une île, le leader de la France insoumise se moque franchement de lui. "Alors là, il est vraiment con Macron. Bloquer les pistes d’aéroport, les décollages, parfois même le fonctionnement de l’île… Comment il fait pour prendre la Guyane pour une île ? Comment c’est possible un truc pareil ? Il n’a pas fait de grande école ce mec ? Non mais je ne sais pas il a dû voir ça sur une carte et il doit croire tout ce qui est marqué sur la carte".

Macron, Fillon, Hamon… Le chef des Insoumis jauge ses adversaires devant la caméra. A propos du futur président de la République, Jean-Luc Mélenchon estime qu’il fait du "libéralisme échevelé". "Le mec ne s’est même pas embêté à écrire un programme, il a carrément repompé les recommandations de la Commission européenne", juge-t-il. Englué dans le Penelopegate, François Fillon pose lui un "problème démocratique". "On ne peut pas faire de politique avec ce type. C’est une campagne où le candidat de la droite a disparu. Il est un objet judiciaire, un objet de blague". Seul Benoît Hamon suscite la pitié du député européen. "Quelque part ce type me fait souffrir parce que j’imagine, je partage ce qu’il doit ressentir, cette humiliation après avoir eu de grands espoirs, et les autres le maltraitent, le tuent à petite goutte". Il refusera néanmoins toute alliance avec lui.

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