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Santé

A Alger, un millier de médecins "résidents" bravent l'interdiction de manifester

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Photo de policiers anti-émeute encerclant une manifestation des médecins résidents à Alger, le 12 février 2018
Photo de policiers anti-émeute encerclant une manifestation des médecins résidents à Alger, le 12 février 2018
AFP - RYAD KRAMDI

Un millier de médecins dits "résidents", en formation de spécialisation, se sont rassemblés lundi en plein centre d'Alger, dans le cadre du mouvement de grève qu'ils observent depuis trois mois, bravant ainsi l'interdiction de toute manifestation dans la capitale.

Arborant pour certains "Médecins en colère" sur des brassards ou des masques chirurgicaux noirs et scandant "Résidents, dignité!", les manifestants ont réussi à se regrouper durant environ sept heures devant la Grande Poste, bâtiment emblématique d'Alger, a constaté un journaliste de l'AFP.

Ce rassemblement a eu lieu malgré les très nombreux policiers, en uniforme et en civil, déployés depuis le début de matinée et qui filtraient de façon stricte l'accès au quartier.

Quelque 300 manifestants ont par ailleurs dans la matinée réussi à échapper à la vigilance policière et à marcher vers le siège de l'Assemblée populaire nationale (APN), la Chambre basse du Parlement.

Parvenus à une centaine de mètres du bâtiment, ils ont été encerclés par des renforts de police et contraints de faire demi-tour jusqu'à la Grande Poste.

Les manifestants ont finalement quitté sans incident en fin d'après-midi le parvis qu'ils avaient occupé.

Les policiers et les nombreux véhicules de police qui en bloquaient l'accès toute la journée ont eux aussi quitté les lieux, a constaté un journaliste de l'AFP.

Une délégation a été reçue dans l'après-midi par le président de l'APN, Saïd Bouhadja, qui a proposé sa médiation entre les "résidents" et le gouvernement, a déclaré aux manifestants Meriem Hadjab, une responsable du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra), selon des images diffusées sur les réseaux sociaux.

Équivalent des internes en France, les quelque 13.000 médecins "résidents" algériens sont diplômés de médecine générale et étudient une spécialisation à l'issue d'un concours.

Ils poursuivent leur mouvement de grève, pourtant déclaré "illégal" le 24 janvier par la justice, et boycottent les concours de fin de spécialisation.

- Abrogation du 'service civil' -

Ils réclament notamment l'abrogation du "service civil" les obligeant à exercer entre un et quatre ans dans des zones parfois reculées, au terme de leurs longues études (sept ans de médecine générale plus quatre ou cinq ans de spécialisation), en plus des 12 mois de service militaire, obligatoire pour tous les Algériens de sexe masculin.

Ils demandent aussi une réforme de leur formation, la révision du statut de "résident" et de pouvoir bénéficier, comme les autres Algériens, des dispenses de service militaire après 30 ans.

"Notre action se poursuivra jusqu'à la suppression du service civil", a assuré à l'AFP Lokmane, médecin "résident" du service orthopédie du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Bab El Oued, quartier populaire d'Alger.

"Service civil: y en a marre ! Service militaire: y en a marre !", ont notamment scandé les manifestants.

Les tentatives de rassemblement sont normalement immédiatement dispersées dans la capitale algérienne, où toute manifestation est strictement interdite depuis juin 2001 et une manifestation en faveur de la Kabylie qui avait tourné à l'émeute et avait été très violemment réprimée par la police. Plusieurs manifestants avaient été tués.

Le 3 janvier, une tentative de manifestation de médecins "résidents" dans les rues d'Alger avait ainsi été violemment dispersée par la police, faisant 20 blessés parmi les manifestants, selon le Camra. Les images de médecins en sang avaient suscité des réactions choquées sur les réseaux sociaux.

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