En France, dès qu'on parle rémunération, cela devient tabou. Pourtant, quelques entreprises imaginent des solutions pour plus de transparence. Résultat ? Ça marche !
- La mise en consultation publique au sein même de l’entreprise du salaire de chaque personne, avec une explication plus ou moins détaillée.
- La possibilité des équipes de négocier régulièrement – voire d’établir directement – le montant de son salaire.
Pour y parvenir, plusieurs solutions existent.
Focus sur trois entreprises qui n’hésitent pas à parier sur la transparence des salaires.
Chez Lucca, au bout de 3 ans d'ancienneté, le collaborateur fixe son salaire
Question organisation, chacun.e annonce son salaire et le soumet pour validation en réunion. Le patron n’a pas le dernier mot : tous les collègues peuvent s’exprimer sur le sujet, intervenir et remettre en question les prétentions salariales de ses pairs. « Au début, c’était compliqué pour les équipes de formuler des critiques objectives » , confie Gilles Satgé, Président de l’entreprise. C’est pourquoi chaque personne est désormais notée tout au long de l’année selon des critères de performance. « Une note correspond à un certain pourcentage d’augmentation annuelle. Si le salarié est d’accord avec ce pourcentage, il lui est accordé. S’il estime valoir plus, il peut défendre son point de vue ».
Et là, pas question de faire dans le sentiment. Vous avez besoin d’une plus grosse augmentation pour acheter une maison ? Ce n’est pas le sujet. Vous n’osez pas prendre la parole pour demander plus ? Tant pis pour vous. « C’est la règle du jeu. J’estime que je travaille avec des adultes, pas des gamins ». Pourtant, les études prouvent qu’il est parfois compliqué de demander une augmentation – notamment quand on est une femme. « Je ne vais pas aller leur prendre la main…. Mais le cas ne s’est jamais produit : quelqu’un qui aurait tendance à se dévaloriser serait pris à parti ».
En parallèle, tous les salaires sont rendus publics au sein d’une application. « Ça peut surprendre ceux qui viennent d’ailleurs, mais ils le savent dès l’entretien d’embauche ». À l’issue du processus de recrutement, une question : « Combien vaux-tu ? » . L’intérêt pour Gilles Satgé, c’est d’avoir des équipes qui gagnent ce qu’elles estiment juste. Dans un secteur ultra-concurrentiel – l’entreprise édite des logiciels pour les RH -, « il suffit aux employés de claquer des doigts pour retrouver du travail s’ils s’estiment sous-payés. J’ai donc un intérêt objectif à les rémunérer à leur valeur de marché ». Pour autant, il estime que la pratique n’est pas un moyen de fidéliser.
Et ça fonctionne ?
« Depuis 15 ans, je n’ai remis le système en question qu’une seule fois. C’était plus une question de personnes que d’efficacité : pour que la méthode marche, il faut faire confiance aux gens ».
Prospheres : la tambouille interne du club des 5
S’il intervient directement sur le sujet de la rémunération au sein des entreprises qu’il accompagne, le dispositif qu’il a établi en interne il y a 18 ans déjà est aussi intéressant : parmi son équipe de 20 personnes, la responsabilité des bonus incombe à un groupe de 5. Son système, qu’il définit comme « solidaire et entrepreneurial » fonctionne sur la base d’un salaire identique pour toute la boîte. « Toute nouvelle recrue accepte de baisser son salaire – de 20 à 50% en général ». Une fois que ce qu’il définit comme un « seuil de solidarité » (92 000€ bruts annuels par personne) est distribué, la contribution aux résultats de l’entreprise sur 3 ans cumulés est examinée pour chacun.e. « C’est un cumul, pas une moyenne. Celui qui n’est là que depuis un an est forcément désavantagé ». Car par la suite, les bénéfices sont distribués en fonction de cette contribution.
« 5 collaborateurs sont désignés, avec un renouvellement d’une ou deux personnes par an, pour attribuer les bonus – en faisant, éventuellement, leur tambouille interne » . C’est-à-dire que quelqu’un qui aura surperformé pourra voir son bonus amoindri au bénéfice de ses collègues, par exemple. En théorie, le boss n’est donc pas forcément le mieux payé. Dans les faits, si. « Pour le moment j’ai toujours eu les meilleurs résultats, mais ça peut tout à fait changer ! »
À l’origine, tout le monde participait à ses séances – les bonus étaient donc connus de tous. « Nous étions encore petits. À partir de 7 employés, c’est devenu compliqué ; il y a eu des histoires de jalousie ». Pas forcément à cause de l’argent, mais de l’image renvoyée : deux collaborateurs entrés la même année ne touchant pas la même prime au bout de 3 ans, c’est forcément le signe que l’un a été meilleur que l’autre. Et ça fait tâche. « Une compétition malsaine s’installait. C’est pour ça que j’ai confié le bien commun à un petit groupe. En revanche, chacun peut s’il le souhaite aller à la compta et demander combien gagne son voisin : c’est disponible à la demande ! » Pour autant, ce n’est pas fréquent : « l’important est de comprendre sa propre valeur, pas de se comparer à celle des autres. Mais personne ne s’est jamais opposé au fait que son salaire soit consultable : nous n’avons rien à cacher, c’est normal d’avoir cette transparence-là ».
Visiblement, le concept séduit. « Quand les gens arrivent chez nous, ils restent jusqu’à la fin de leur carrière », selon le PDG.
Buffer : des rémunérations logiques comme une équation mathématique
On ne lésine pas sur l’emphase, et les équipes ajoutent sur le site que ce système ouvert à tous les curieux est « incroyablement libérateur ». Vous avez des idées ? N’hésitez pas à les leur soumettre : c’est aussi ça, une culture open…
Arrêtons avec cette écriture inclusive qui nuit à la lecture. C'est incroyable cette prise en otage par des journalistes militants.
Svp l'ADN, stop à l'écriture inclusive.
On aime & on respecte les femmes, naturellement, inutile de nous imposer une lecture si désagréable
Arrêtez de vous soumettre à l'idéologie de l'écriture "inclusive" ? Essayez déjà d'écrire correctement le français...
"Visiblement, le concept séduit. « Quand les gens arrivent chez nous, ils restent jusqu’à la fin de leur carrière », selon le PDG."
Je trouve assez comique de lire que "les gens restent jusqu'à la fin de leur carrière" dans une société qui n'a même pas 10 années d'existence...