Jacob Zuma lâché par son parti qui exige sa démission
Qu’il obéisse ou non, la reconstruction du parti ne sera pas facile avant les élections de 2019.
- Publié le 13-02-2018 à 18h53
- Mis à jour le 14-02-2018 à 10h13
Qu’il obéisse ou non, la reconstruction du parti ne sera pas facile avant les élections de 2019.La fin du parcours à la tête de l’Afrique du Sud est proche pour le président Jacob Zuma. Les dirigeants de son parti, le Congrès national africain (ANC), se sont en effet accordés pour "rappeler" le chef de l’Etat et lui ordonner de démissionner.
Jacob Zuma est allé trop loin dans son obstination, au point d’être lâché par son propre parti. Après des jours d’attente, de rumeurs, de rebondissements, de réunions annulées et reprogrammées, l’ANC prend enfin clairement position. Et, en apparence du moins, parle d’une seule voix.
Un délai inacceptable
Le chef de l’Etat avait demandé une période de "transition" de 3 à 6 mois avant de démissionner. Une concession inacceptable pour les dirigeants du parti au pouvoir. Englué dans des scandales de corruption, Jacob Zuma est devenu gênant pour l’ANC, qui espère redorer son image avant les élections nationales de l’an prochain.
Mardi, le Secrétaire général du parti, Ace Magashule, a remis une lettre au Président, lui demandant officiellement de quitter son poste. Lors d’une conférence de presse, à Johannesburg, il a dit espérer une réponse du chef de l’Etat dès ce mercredi. "Quand nous rappelons un de nos ‘déployés’ (dans une fonction), nous nous attendons à ce qu’il fasse ce que notre organisation veut de lui", a-t-il déclaré.
L’orateur a cependant omis quelques détails : que se passera-t-il si Jacob Zuma refuse de partir ? Et combien de temps l’ANC est-il prêt à attendre ?
Pas d’ultimatum
Aucun ultimatum n’a, pour l’instant, été posé. S’il peut demander à Jacob Zuma de se retirer, le comité exécutif de l’ANC - qui compte 86 membres - n’a pas le pouvoir de démettre le Président de ses fonctions, puisqu’il a été élu par le Parlement.
Plusieurs scénarios sont désormais possibles. Soit Jacob Zuma suit l’ordre de son parti, accepte de démissionner et en informe, par écrit, la présidente du Parlement. Dans ce cas, la procédure est simple. C’est Cyril Ramaphosa, vice-Président sud-africain, et nouveau président de l’ANC élu en décembre, qui prendra naturellement la succession du chef de l’Etat, jusqu’aux élections de 2019.
Mais Jacob Zuma pourrait aussi décider de s’accrocher jusqu’au bout et ignorer l’injonction de l’ANC. Dans ce cas, il faudra qu’une motion de censure soit votée au Parlement contre lui. Celui-ci a déjà survécu à sept motions de censure par le passé mais, cette fois, il ne bénéficie de presque plus aucun soutien à l’Assemblée, ses derniers alliés ayant retourné leur veste. Il s’agirait cependant d’une option humiliante, tant pour le Président que pour le Congrès national africain, qui n’aime pas laver son linge sale en public.
Les dirigeants du parti savent qu’ils marchent en terrain miné, et veulent éviter de diviser encore plus l’ANC ou de perdre des votes, notamment dans la grande province du Kwazulu-Natal, dont Jacob Zuma est originaire et où se trouvent ses partisans les plus fervents. Ace Magashule a donc soigneusement évité de clarifier leurs intentions au sujet d’une éventuelle motion de censure.
Une ANC en ruine
L’ANC continue d’espérer que M. Zuma saisira la dernière opportunité qui lui est offerte pour éviter une destitution forcée. Mais l’homme est têtu. S’il a toujours affirmé placer les intérêts de son parti avant tout, ses actions laissent plutôt penser qu’il ne rechignerait pas à donner un dernier coup de hache dans la coque du bateau avant de le quitter.
Dans tous les cas de figure, la reconstruction de l’ANC ne sera pas facile. Jacob Zuma laisse une formation politique en ruine, divisée, et dont l’image a profondément été endommagée auprès de la population.