Les faucons pèlerins (Falco peregrinus) utilisent les mêmes stratégies d'attaque en vol que les missiles guidés. Mais pourquoi fondent-ils ainsi sur leur proie alors que ce plongeon à grande vitesse et débuté à très haute altitude (voir vidéo ci-dessous) demande une concentration et un effort physique considérables ? C'est la question que se sont posés des chercheurs de l'Université d'Oxford (Royaume-Uni). Selon leurs résultats publiés le 12 avril 2018 dans la revue Plos Computational Biology, cette méthode permettrait aux rapaces de changer de direction plus facilement et donc, augmenterait leurs chances de succès.
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Une simulation par ordinateur au plus proche de la réalité
Pour comprendre les bénéfices de cette stratégie prédatrice, les chercheurs ont produit sur ordinateur une modélisation (voir vidéo ci-dessous) permettant de simuler l'attaque d'un faucon pèlerin sur l'une de ses proies aériennes préférées, l'étourneau sansonnet (Sturnus vulgaris). Au cours de la simulation, les scientifiques ont fait adopter à cet oiseau trois "plans de vol" différents : un déplacement droit, un virage lisse c'est-à-dire sans changement de direction par à-coups et un vol plus irrégulier. C'est lorsqu'elles se sentent en danger que les proies volent de manière erratique.
Les trois plans de vol adoptés par la proie lors de la simulation © Plos Computational Biology
Les chercheurs ont donné à leur faucon numérique les mêmes capacités que les réels dont un temps de réaction équivalent. Ils ont aussi intégré différents paramètres tels que les forces aérodynamiques qui s'exercent sur les oiseaux durant le vol ou encore les mouvements de leurs ailes. L'étourneau et le faucon ont également été créés de manière à pouvoir se mouvoir selon 6 degrés de liberté et ont été soumis à la gravité.
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Une vitesse plus élevée permet aux rapaces de se diriger plus efficacement
Selon les résultats de cette simulation, le faucon pèlerin ne plonge pas sur sa proie seulement pour la surprendre et donc l'empêcher de s'enfuir. La vitesse gagnée lors de cette course folle lui permet de changer de direction plus facilement que s'il commençait à plonger à une altitude moindre et donc, d'attraper des proies qui volent de manière erratique pour tenter de s'enfuir. "Les plongeons à haute altitude se montrent bénéfiques car leur vitesse permet la production de forces aérodynamiques plus élevées pour les manoeuvres et augmente leur agilité lorsque les ailes sont rentrées", note l'étude. Le succès de la capture dépend également de l'angle du plongeon mais aussi des sens aiguisés du rapace. En effet, être un bon plongeur ne suffit pas, le faucon doit aussi contrôler sa descente et avoir une vue irréprochable. Les chercheurs souhaitent maintenant savoir comment les proies ciblées par ces chasseurs hors-pair peuvent espérer s'échapper.