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Jacob Zuma, de la lutte antiapartheid aux affaires de corruption

Jacob Zuma en 2010. RAJESH JANTILAL/AFP

FOCUS - Affaibli par les scandales et les polémiques, Jacob Zuma a finalement annoncé mercredi son départ de la présidence sud-africaine après neuf ans au pouvoir. Retour sur le parcours mouvementé de cet ancien militant anti-apartheid.

Jacob Zuma a finalement été rattrapé par les affaires. Il a annoncé sa démission, ce mercredi soir, se pliant aux ordres de son parti, le Congrès national africain (ANC). «J'ai décidé de démissionner du poste de président de la République avec effet immédiat, même si je suis en désaccord avec la direction de mon organisation», a-t-il déclaré lors d'une allocution retransmise en direct à la télévision. Retour sur la vie mouvementée du président sud-africain le plus contesté depuis la fin de l'apartheid.

● Son engagement anti-apartheid

Jacob Zuma rejoint l'ANC en 1959. Un an plus tard, le parti est interdit en Afrique du Sud, en pleine période d'apartheid. Accusé de conspirer en vue d'un renversement de gouvernement, il est arrêté en 1963 alors qu'il tente de quitter le pays, et passe les dix années qui suivent à la prison de Robben Island, au côté notamment de Nelson Mandela. S'il était, au départ, un membre actif de la branche armée de l'ANC, il apprend à lire et écrire en prison et commence à développer sa pensée politique. Il est libéré en 1973.

Jacob Zuma accompagné de Nelson Mandela et de Thabo Mbeki. Reuters

● De meneur exilé de retour en Afrique du Sud, à la vice-présidence du pays

Contraint à l'exil dans plusieurs pays d'Afrique en 1975, il prend ses marques en politique en essayant de refonder son parti politique. Il gravira les échelons petit à petit et sera de retour en Afrique du Sud en 1990 à la suite de la légalisation de l'ANC par le nouveau gouvernement. Jacob Zuma devient vice-secrétaire général du parti en 1991, à la demande de Nelson Mandela. Puis vice-président du parti en 1997. Proche du futur président Thabo Mbeki, numéro deux de l'ANC, il prend par la suite la vice-présidence du pays en 1999, ce qui en fait le successeur naturel de Mbeki (1999-2008).

● Son ascension marquée par de nombreux scandales

Son ascension politique reste ternie par de nombreux scandales. En 2003, alors qu'il est vice-président du pays, Zuma est impliqué dans une affaire de corruption datant de 1999. L'affaire est finalement classée et Mbeki et Zuma sont réélus à la tête du pays en 2004. Mais il est démis de ses fonctions par le président l'année suivante, et se voit accusé de deux chefs de corruption. La même année, il est inculpé de viol envers une femme séropositive. Lors de son procès, il déclarera «s'être douché pour minimiser les risques de contracter la maladie», provoquant l'indignation de la presse internationale. Il est finalement acquitté en 2006.

Fin 2007, à peine élu président de l'ANC, il est de nouveau pris dans le tourbillon des affaires.

Des opposants souhaitent le départ de Zuma. Reuters

● Une présidence remplie d'embûches, jusqu'à sa chute

Jacob Zuma devient président le 9 mai 2009, après avoir été soutenu par Nelson Mandela. En 2013, il est encore rattrapé par de nouvelles révélations. Cette fois, il aurait utilisé de l'argent public pour rénover sa résidence privée. Zuma perd de plus en plus de crédit au sein de son parti, qui souhaite à son tour sa démission à la suite de ce scandale. Il est cependant reconduit à la tête du pays en 2014.

Son jugement, en 2016, est sans équivoque: il doit rembourser les 15 millions d'euros utilisés dans les 45 jours, et doit faire face à une procédure de destitution enclenchée par l'Alliance démocratique, son principal opposant. Il accepte finalement de rembourser l'argent, mais refuse de démissionner. Fin décembre 2017, il quitte la présidence de l'ANC. Le 13 février 2018, sa chute dans l'opinion publique accompagné des nombreux scandales qui ont entaché sa carrière politique ont conduit l'ANC à lui ordonner sa démission de la présidence du pays.

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