Uber continue de générer des pertes abyssales
+VIDEO. La fin d'année apporte toutefois quelques motifs d'espoir pour le nouveau patron, qui confirme l'objectif d'équilibre opérationnel et d'introduction en Bourse pour 2019.
Par Nicolas Rauline
Dara Khosrowshahi a encore beaucoup de travail, mais les résultats de la fin d'année devraient l'encourager. Le nouveau patron d'Uber, qui a remplacé Travis Kalanick, a bouclé son premier trimestre complet à la tête de la société, lors du quatrième trimestre 2017. Une fin d'année plutôt positive pour le VTC, qui a vu son chiffre d'affaires net grimper de 61 % sur la période, comparé à la fin 2016, et a résorbé ses pertes de 26 % comparé au trimestre précédent. La part de marché aux Etats-Unis serait, elle, stabilisée autour de 70 %, après avoir fortement reculé au premier semestre : en début d'année, elle était de 82 %…
Dara Khosrowshahi continue donc de partager les principaux chiffres de la société, même si celle-ci n'est pas cotée. Lors d'une conférence avec les investisseurs, il a expliqué ces performances par le plan de contrôle des coûts mis en place l'été dernier. Notamment dans la publicité et le marketing (baisse des dépenses de 7,5 % par rapport au trimestre précédent). La société a aussi serré le budget de son service clients et les coûts d'acquisition (-1 %), en freinant par exemple les réductions. Son objectif reste d'atteindre l'équilibre opérationnel l'an prochain, avant d'introduire la société en Bourse.
Des doutes sur le modèle
Mais ce trimestre prometteur ne doit pas faire oublier que l'année 2017 aura été très compliquée pour Uber. Outre les problèmes de gouvernance et le conflit avec son fondateur, Travis Kalanick, Uber a vu bondir ses pertes à un niveau jamais vu : 4,5 milliards de dollars, sur un chiffre d'affaires net de 7,5 milliards. Un creusement impressionnant par rapport à 2016, où Uber n'avait généré « que » 2,8 milliards de pertes, même s'il avait alors bénéficié de la vente de ses activités chinoises.
La société suscite toujours les mêmes doutes sur son modèle et plusieurs éléments exceptionnels sont venus ternir son bilan, notamment des dépréciations d'actifs ou une charge après avoir abandonné son activité de location de véhicule.
Il y a quelques jours, encore, Uber a conclu un accord avec son concurrent Waymo, qui appartient à Alphabet, la société mère de Google. Accusé de lui avoir volé des secrets industriels dans la voiture autonome, il a accepté de lui verser 245 millions de dollars en parts de la société pour régler le différend.
Sans oublier les scandales qui ont terni l'image de la société, comme les accusations de harcèlement sexuel contre plusieurs de ses dirigeants, ou encore la fuite de données qui a affecté 50 millions de clients et 7 millions de chauffeurs, qu'Uber a tenté de dissimuler.
UberEats explose
SoftBank continue, de son côté, de croire en la société californienne. Le groupe japonais a récemment investi plus de 9 milliards de dollars pour devenir son actionnaire de référence.
Dara Khosrowshahi a également confié qu'UberEats, le service de livraison de repas, avait généré 1,1 milliard de dollars de ventes lors du quatrième trimestre, soit environ 10 % du chiffre d'affaires brut de la société. Des revenus multipliés par quatre en un an, mais qui ne suffisent pas encore à rentabiliser le service.
Nicolas Rauline ( Bureau de New York)