Plus de 2.000 généraux et colonels de l’armée afghane vont être mis d’office à la retraite

Alors que la situation sécuritaire reste compliquée dans le pays, avec des attentats commis régulièrement par la branche afghane de l’État islamique (EI-K) et le mouvement taleb (qui contrôlerait ou contesterait environ 40% du territoire), le gouvernement afghan a décidé de donner un grand coup de balai dans la hiérarchie des forces armées.

Ainsi, le président afghan, Ashraf Ghani, compte mettre d’office à la retraite plus de 2.100 généraux et officiers supérieurs afin de les remplacer par des éléments plus jeunes. Et, selon le ministère de la Défense, 164 ont déjà quitté le service. Environ 2.100 autres vont les suivre au cours des 18 prochains mois.

L’argument avancé pour justifier cette décision est que les généraux et officiers supérieures actuellement en poste sont « trop vieux pour s’adapter à la guerre moderne. » Et il s’agirait aussi de répondre à une demande des États-Unis.

« Nous avons plus de généraux et de colonels que l’armée américaine… des généraux et des officiers supérieurs qui ne peuvent pas se battre, ne peuvent pas diriger et occuper leurs postes depuis des années », a expliqué un responsable afghan à l’agence Reuters. « Ces changements sont absolument nécessaires. Nos alliés, en particulier les Américains, nous ont clairement dit qu’ils n’étaient pas en mesure de gagner la guerre avec la configuration actuelle », a-t-il ajouté.

Évidemment, cette mesure permettra de rajeunir l’encadrement des forces afghanes. « Les jeunes officiers ont été frustrés par un manque de promotion pendant des années. Ils étaient coincés dans un seul poste et ne pouvaient pas obtenir de promotion et cela leur pesait sur le moral », a fait valoir Dawlat Waziri, porte-parole du ministère de la Défense.

La décision du gouvernement afghan a été salué par la mission Resolute Support, de l’Otan. « Le gouvernement est entièrement responsable des forces de sécurité afghanes et de leur réforme, les forces américaines et étrangères ayant un rôle de soutien. […] Mais cette réforme ouvrira la voie du succès à long terme, à mesure que les rangs se reconstitueront », a commenté le capitaine Tom Gresback, son porte-parole.

Ce plan de « dégagement des cadres » vise donc des officiers dont certains ont combattu aux côtés des Soviétiques durant les années 1980, contre les « moudjahidines » soutenus par les États-Unis. D’autres ont fait leurs premières armes durant la guerre civile des années 1990, consécutive au départ de l’Armée rouge. Enfin, nombreux sont aussi ceux qui combattirent les taliban avec l’Alliance du Nord, dominée par les Tadjiks et les Ouzbeks.

Aussi, certains estiment que cette décision – prise par un pachtoune – a aussi des motivations ethniques, étant donné que de nombreux officiers supérieurs tadjiks seront mis sur la touche. « J’ai servi dans l’armée pendant 15 ans et cette décision n’est en aucun cas acceptable pour moi car c’est une décision politique de Ghani qui veut systématiquement effacer les Tadjiks de l’armée », a réagi le général Sameem Sameen, qui vient d’être mis à la retraite. « C’est une insulte pour moi et pour beaucoup d’autres généraux qui ont servi leur pays avec fierté », a-t-il ajouté.

Les généraux et les officiers supérieurs mis en retraite toucheront 250 dollars par année de service ainsi qu’une pension mensuelle de plusieurs centaines de dollars.

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