Une ville sur deux manquera d’eau en 2050

Au Cap, chaque habitant est rationné à 50 litres d’eau par jour. L’équivalent d’une douche de 3 minutes.

Plus d’une métropole sur deux pourrait connaître des ruptures d’approvisionnement en eau potable en 2050, selon une étude publiée dans la revue Nature. Un article de notre partenaire, le Journal de l’Environnement.

L’eau potable sera-t-elle bientôt rationnée dans les grandes villes ? Cette hypothèse n’a plus rien de farfelu. Alors que la demande a quasiment quadruplé dans le monde au cours des 60 dernières années, en raison de l’essor démographique, d’un meilleur accès aux infrastructures et de l’augmentation des besoins, elle pourrait encore s’accroître de 80 % d’ici 2050. Ce fort accroissement de la demande tombe mal, alors que les ressources se tarissent en raison du changement climatique et de l’urbanisation galopante, qui touchera 66 % de la population mondiale dans 30 ans contre 50 % aujourd’hui.

482 villes à la loupe

C’est ce qui a conduit les chercheurs de l’université de Kassel (Allemagne) à étudier l’évolution des ressources (en eaux de surface et souterraines) en 2050 et ses conséquences sur l’approvisionnement. Ils se sont penchés sur l’approvisionnement de 482 grandes villes à travers le monde, accueillant 736 millions d’habitants, en prenant notamment en compte ainsi qu’un scénario socio-économique de type business as usual. Ils ont ensuite étudié deux hypothèses politiques: les urbains sont prioritaires pour l’accès à l’eau, ou au contraire les besoins de l’industrie et de l’agriculture sont considérés comme primordiaux.

Plus de 600 millions d’habitants

Dans le premier cas, 36 % des villes (440 millions de personnes) connaîtront des problèmes d’approvisionnement dans 30 ans. Dans le second cas, c’est encore pire: 673 millions de personnes, habitant 55 % des villes étudiées, seraient rationnées. Soit plus d’une métropole sur deux en déficit hydrique.

Asie du Sud et Amérique du Nord

Les villes d’Asie du Sud et d’Amérique du Nord s’avèrent les plus menacées. En 2050, des villes comme Los Angeles (États-Unis), Jaipur (Inde) et Dar es Salaam (Tanzanie) connaîtront des déficits de ressources en eaux de surface supérieurs à 400 millions de mètres cubes par an.

Empreinte hydrique

Les résultats sont tout aussi alarmants pour les eaux souterraines. L’empreinte hydrique des villes, qui permet d’identifier l’excès de consommation de ces eaux par rapport à la recharge des nappes phréatiques, pourrait plus que doubler dans 116 villes en 2050.

Réforme de l’irrigation

Les conflits entre les usages des villes et des campagnes vont inévitablement se multiplier, et les auteurs estiment que seules des réformes de l’irrigation pourront les limiter. Ils préconisent de mettre en place des systèmes d’aspersion et de goutte-à-goutte, de réduire les fuites dans les infrastructures, de changer de variétés de plantes cultivées et de mieux informer les agriculteurs sur les nouvelles pratiques. Ces changements permettraient d’augmenter de 10 % la performance de l’irrigation dans le monde. Et de réduire le déficit hydrique de 236 millions de citadins. Une solution plus adaptée aux pays où l’agriculture consomme davantage que le secteur de l’énergie.

 

 

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