"Black Panther": "On n'a pas besoin d’être blanc pour sauver le monde"

Le nouveau film Marvel Black Panther est centré autour de T’Challa, roi du Wakanda, un pays fictif d’Afrique de l’Ouest. Sa sortie le 14 février est l’occasion de se plonger dans le monde des super-héros africains.

Constance Cabouret

Le nouveau film Marvel Black Panther est centré autour de T’Challa, roi du Wakanda, un pays fictif d’Afrique de l’Ouest. Sa sortie le 14 février est l’occasion de se plonger dans le monde des super-héros africains.

Le Wakanda, royaume fictif d’Afrique, est le théâtre de Black Panther, le nouveau film Marvel. Après être apparu dans le dernier Captain America, le jeune roi T’Challa, alias Black Panther, voit son pouvoir défié par deux ennemis. Ce nouvel opus est adapté de la série de comics du même nom, créée en 1966 par Stan Lee et Jack Kirby. Black Panther a été l’un des premiers super-héros africains, mais aujourd’hui, il n’est plus le seul. Depuis 2013, au Nigeria, une nouvelle génération de héros se développe dans les locaux de la start-up Comic Republic.

« On n’a pas besoin d’être blanc pour sauver le monde »

Jide Martins, le créateur de Comic Republic, regrettait le nombre trop faible de héros noirs dans les comics. « On n’a pas besoin d’être blanc pour sauver le monde », avait-il déclaré au « Monde » en 2016. En 2013, il invente le personnage de Guardian Prime, un héros arborant un costume aux couleurs du drapeau nigérian. Puis, en association avec d’autres auteurs, la Comic Republic est devenue une nouvelle fabrique de super-héros. Ireti, une guerrière Yoruba, et Eru, professeur à l’Université de Lagos le jour et dieu de la peur la nuit, rivalisent aujourd’hui avec les personnages de Marvel et DC.

« Les super-héros m’ont guidé quand j’étais un enfant. Lorsque je devais prendre une décision difficile, je me demandais : que feraient Batman et Superman ? Mais en grandissant, il était de plus en plus difficile de m’identifier à eux, parce qu’ils étaient trop différents. Ils ne me ressemblaient pas. Alors, je me suis dit : pourquoi ne pas créer des super-héros qui puissent m’inspirer moi et les enfants qui grandissent en Afrique ? C’est comme ça que j’ai commencé à créer des comics », raconte Jide Martins.

La révolution Black Panther

Outre le manque de représentativité, c’est aussi une image faussée des pays africains qui a longtemps été véhiculée. L’idée d’un continent qui attend d’être sauvé par les Occidentaux a primé pendant des siècles. Pour Jide Martins, la création de Black Panther en 1966 a été un moment marquant. Les comics dépeignent un pays à la pointe de la technologie, à qui les super-héros américains demandent de l’aide pour sauver le monde. « Habituellement, quand les gens pensent à l’Afrique, ils pensent à un lieu primitif. Et quand ils pensent à un endroit sophistiqué, ils pensent à l’Occident. Mais Black Panther a changé la donne. Le Wakanda est un pays africain, et il est le pays le plus sophistiqué du monde », explique-t-il.

« Le Wakanda est une représentation positive de l’Afrique, mais le pays reste une fiction », précise le créateur du Comic, qui préfère situer ses personnages dans un monde plus réaliste. « Contrairement à d’autres nations africaines, le Wakanda a échappé à la brutalité de la colonisation européenne. Cela, en plus des ressources naturelles, a permis au Wakanda de devenir l’un des pays les plus avancés au monde. Le Wakanda donne une idée de ce que les nations africaines auraient été si elles n’avaient pas été colonisées, mais, en réalité, chaque pays africain a été touché par l’héritage négatif de la domination coloniale », expliquait ainsi Dwayne Wong, spécialiste de la diaspora et de l’histoire africaines dans le Huffington Post en janvier.

Influencer les jeunes générations

Cependant, Jide Martins refuse de faire de ses œuvres des objets politiques. Il précise qu’il cherche avant tout à inspirer les jeunes générations. Selon lui, ses personnages ne sont pas des super-héros parce qu’ils ont des pouvoirs, mais grâce à leurs valeurs. « Être un super-héros, c’est sacrifier son confort et les choses qui nous sont chères pour aider les autres », déclare-t-il. C’est pourquoi le fondateur de la Comic Republic veut rendre ses comics les plus accessibles possible . Ils sont gratuits, téléchargeables sur internet. « Les comics forgent le caractère », explique-t-il. « Je veux apprendre à la génération d’aujourd’hui à faire ce qui est bon et juste. »


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