Richard Russell : "Les studios sont des endroits magiques"

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Richard Russell : "Les studios sont des endroits magiques"

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Richard Russell | Nick Walker
Richard Russell | Nick Walker
© Autre

Le patron du label XL dévoile les secrets de fabrication de son nouvel album collaboratif «Everything Is Recorded».

Mais où s’arrêtera donc Richard Russell ? Celui qui a fondé le label londonien XL en 1989 et qui le dirige depuis lors est devenu, au fil du temps, une figure centrale de la musique indépendante britannique. Découvreur de Dizzee Rascal et de la chanteuse Adele, producteur de l’ultime album de Gil Scott-Heron – et des superbes remixes de Jamie XX –, initiateur du projet DRC avec Damon Albarn, Russell a transformé pour son nouveau projet un studio d’enregistrement situé dans l’ouest de Londres en véritable résidence créative, accueillant et brassant le temps d’un titre ou d’un jam les voix et les instruments d'une dizaine d'artistes parmi lesquels Kamasi Washington, Sampha ou encore les jumelles Ibeyi.

Pour la sortie aujourd’hui de l'album Everything Is Recorded, rencontre avec cet insatiable découvreur qui mise sur l’expérimentation et le hasard pour faire progresser la musique dans le bon sens.

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Everything Is Recorded semble être un projet personnel et en même très collectif. Comment avez-vous concilié ces deux dimensions ?

J'ai choisi pour ce disque des artistes avec qui j'ai ressenti une parenté instinctive. Avec pour principe que si nous étions en phase ensemble, nous serions tous capables d'exprimer les choses dont nous avions besoin. Everything Is Recorded se place en fait dans la suite des albums que j'ai produits depuis 2010 : Im New Here de Gil Scott Heron, The Bravest Man in the Universe de Bobby Womack, Everyday Robots de Damon Albarn, et les deux albums d'Ibeyi.... Tous ces disques étaient des projets personnels mais possédaient également une vraie dimension collaborative.

Il y a des influences très différentes dans ce projet, un melting-pot de soul, de reggae, de rythmes électroniques et africains… Vous attendiez-vous à un tel résultat ?

Je voulais être le plus sincère possible mais aussi pouvoir prendre le temps de faire des expérimentations sonores. C’est vrai que j'ai beaucoup d'influences musicales différentes. Et toutes les choses que vous avez mentionnées sont pertinentes ... tout comme l'album Rock Bottom de Robert Wyatt ... ainsi que certains travaux de Ryuichi Sakamoto. Et aussi la vie... car la vie est une influence en tant que telle dans ma musique.

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L’improvisation offerte aux artistes parait aussi importante que la collaboration sur ce disque. Comment combiner la spontanéité avec la recherche d’une cohérence minimale ?

Il doit justement y avoir une distinction claire entre les deux processus lors de la composition. Le premier aboutit à la création d’un désordre, là où naissent l’improvisation, le jeu et le fun. Un moment quasiment enfantin. Puis vient l’édition, la sculpture et le mixage, où vous devez alors devenir un adulte et remettre les choses en ordre. J’apprécie être dans les deux processus.

Vous avez accueilli et enregistré tous ces artistes dans votre propre studio. Comment était l’atmosphère, là-bas, pour Everything Is Recorded ?

J’ai beaucoup de chance d’avoir cette installation. C’est vraiment un endroit unique, même si j’aime bien les studios d’enregistrement en général. Le jour où, quand j’étais enfant, j’ai réalisé que tous les disques étaient réalisés dans des studios, je me suis dit que cela devait être des endroits magiques. Et c’est effectivement le cas ! Mais il faut faire attention à ne pas être submergé par toutes les possibilités techniques qu’offre un studio. C’est comme dans la vie : j'essaie simplement de suivre mes instincts sur ce qui fonctionne et aussi de laisser mes collaborateurs m'aider comme j'essaie moi-même de les aider.

Il y a aussi beaucoup de samples utilisés sur cet album, quelle place ont-ils dans votre processus créatif ?

Personnellement, j'ai grandi dans le hip hop des années quatre-vingt, où les samples étaient très importants et j'ai beaucoup appris sur la musique en explorant ces samples. Je pense donc que les utiliser est une façon honnête de rendre hommage à quelqu'un, tant que c'est fait avec respect. Une sorte de vol, mais honnête !

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Le chanteur Sampha mixe sa voix avec celle de Curtis Mayfield sur le titre Close But Not Quite. Comment est né ce titre, était-il compliqué à produire ?

C’est extraordinaire que quelqu’un d’aussi talentueux que Sampha puisse faire preuve d’une aussi grande humilité. Il est très rare de trouver une telle combinaison chez un artiste. Sa voix, comme l’émotion qui se dégage de son jeu, sont très émouvants. Quand j’ai écouté la première prise de piano de Sampha, j’ai pensé tout de suite aux paroles de Curtis Mayfield : « These words I try to recite, they are close but not quite ». L’imperfection fait partie de la beauté. Et c’était finalement assez facile et rapide d’enregistrer quelque chose avec ça ! C’est une de ces occasions de la vie où tout se met en place naturellement, peut-être une récompense pour une bonne action passée, qui sait... (sourires)

Une impression d’espoir semble finalement émerger de ce disque. Quel message souhaitiez-vous faire passer avec Everything Is Recorded ?

Nous luttons tous contre la solitude. Et nous allons tous mourir, bien que nous ne savons pas quand ni comment, alors nous sommes tous effrayés. Se souvenir des mots *"Tu n'es pas seul" * permet de se sentir mieux.

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"Everything Is Recorded" est sorti le 16 février sur le label anglais XL

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