Ces films qui ont fait naître la passion des cinéastes

Un classique de Disney, souvent. Un film tchèque, parfois. A l’occasion du Festival cinéma Télérama enfants du 21 février au 6 mars 2018, cinq cinéastes décrivent leurs premiers souvenirs du grand écran.

Par Propos recueillis par Caroline Besse, Mathilde Blottière, Jérémie Couston, Laurent Rigoulet

Publié le 16 février 2018 à 13h00

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 01h30

Premières salles obscures, premières émotions, fous rires, merveilles et grosses frayeurs : on est tous tombés dedans quand on était petits. Parce qu’il aide à grandir, à étoffer ses rêves, à aiguiser son regard, parce qu’il permet de mieux comprendre le monde, le septième art est la meilleure des potions magiques. Du 21 février au 6 mars, le Festival cinéma Télérama Enfants invite les cinéphiles en herbe (et leurs parents) à un festin d’images. Dans toute la France, ils pourront se régaler de classiques savoureux (Cadet d’eau douce, de Buster Keaton) et de nouveautés toutes fraîches en avant-première (Croc-Blanc, Le Voyage de Lila, Willy et les gardiens du lac). Et comme le festival Télérama des « grands », celui des petits propose une sélection des meilleurs crus de l’année, du chatoyant Coco, des studios Pixar, au désopilant Grand Méchant Renard et autres contes. Lee Unkrich et Benjamin Renner, réalisateurs respectifs de ces dessins animés, ont accepté de partager avec nous leurs premiers souvenirs de cinéphiles, parce qu’avant de devenir des artistes, tous les cinéastes ont d’abord été, eux aussi, des gamins éblouis devant un écran trop grand pour eux.

Certains, comme Michel Ocelot (Kirikou) ou Nick Park (Cro Man), ont, depuis, consacré leur vie à faire rêver d’autres générations de mômes. D’autres se sont tournés vers des univers plus adultes. Mais ils ont tous en commun ce choc initial, cette rencontre décisive avec une œuvre, une scène, un personnage. Nous avons rassemblé les témoignages d’une brassée d’entre eux. Petit voyage dans l’enfance de l’inspiration. — Cécile Mury

Michel Ocelot

Image extraite du film La Révolte des jouets.

Image extraite du film La Révolte des jouets. Image extraite du film La Révolte des jouets.

« C’était en Afrique, une projection 16 mm d’un film tchèque : La Révolte des jouets (1947), de Hermina Tyrlova. Un ancêtre de Toy Story… Tout était fascinant, la nuit, le projecteur dans une maison, son scintillement, le faisceau de lumière jusqu’au drap tendu, et les images magiques : de vrais jouets, comme les miens, qui bougeaient tout seuls, et qui parvenaient à faire fuir un vrai méchant en bottes noires. » 
Français, 74 ans. Dernier film : Ivan Tsarevitch et la princesse changeante (2016). Sortie de La Révolte des jouets le 4 avril en version restaurée par Titra Film pour Malavida Films.

Nick Park

Blanche Neige et les Sept Nains, 1938.

Blanche Neige et les Sept Nains, 1938. Walt Disney

« J’ai vu Blanche-Neige et les Sept Nains (1938), dans ma ville natale, Preston, au nord de l’Angleterre, avec mon père et mes deux frères aînés. Je me rappelle avoir été terrorisé par la reine quand elle se transforme en vieille dame. »
Anglais, 59 ans. Dernier film : Cro Man (en salles).

Benjamin Renner

Aladdin (1993) et son génie de la lampe.

Aladdin (1993) et son génie de la lampe. Walt Disney

« J’ai un souvenir assez précis de la première fois où j’ai vu Aladdin (1993) au cinéma, à l’UGC de Vélizy 2 (Yvelines). J’avais 9 ans, un moment où ma créativité a commencé à exploser – je dessinais beaucoup. J’avais ri de bout en bout. J’adorais le personnage du Génie, qui faisait plein de blagues hilarantes, dont certaines étaient destinées aux adultes. Il représentait une espèce de trublion au milieu de la qualité Disney, du conte très formel : jusqu’alors, les personnages comiques existaient seulement pour donner un peu de dynamisme au récit. J’aimais aussi la légèreté du film : le Génie continuait à faire des plaisanteries dans les situations désespérées.

Ce pouvoir de casser certaines scènes avec des petites blagues m’a marqué. Ce fut un tel plaisir de voir Aladdin enfant que j’essaie de retranscrire ce sentiment aujourd’hui. Dans Le Grand Méchant Renard et autres contes, j’avais d’ailleurs imaginé qu’un des personnages se dise « extatique », d’une façon totalement blasée. Mais j’ai réalisé qu’il s’agissait d’un plagiat d’une réplique de Jaffar dans Aladdin. J’ai donc coupé la scène… »
Français, 34 ans. Dernier film : Le Grand Méchant Renard et autres contes (2017), à revoir au Festival cinéma Télérama Enfants.

Marjane Satrapi

Tarzan, l’homme-singe, 1932.

Tarzan, l’homme-singe, 1932. MGM

« J’étais allée voir Tarzan, la version des années 30, à Téhéran. Après, je voulais tout le temps retourner au cinéma. Je me souviens aussi avoir vu les films de Bruce Lee, ce tiers-mondiste mondialement connu. A la sortie de la salle, les gens faisaient des combats de kung-fu… C’était joyeux. »
Franco-Iranienne, 48 ans. Dernier film : The Voices (2014).

Lee Unkrich

Bambi, 1947.

Bambi, 1947. Walt Disney

« Le premier film qui m’ait marqué, c’est Bambi, que j’ai vu dans ma ville natale, à Cleveland, avec ma mère. Et aussi cette séquence, dans Dumbo, où la mère éléphant, enfermée dans une cage, réconforte son enfant en passant la trompe à travers les barreaux : l’une des scènes les plus émouvantes jamais filmées. » 
Américain, 50 ans. Dernier film : Coco (2017), à revoir au Festival cinéma Télérama Enfants.

LE FESTIVAL CINÉMA TÉLÉRAMA ENFANTS
La deuxième édition du Festical cinéma Télérama enfants aura lieu du 21 février au 6 mars, en partenariat avec l’Afcae (Association française des cinémas d’art et essai) et BNP Paribas, dans 200 cinémas à travers la France. Au programme, les onze meilleurs films jeunesse de l’année ainsi que trois films en avant-première et des animations en salles. Tarif unique de 3,50 euros (avec le Pass festival, disponible dans ce numéro et valable pour deux personnes). Pour en savoir plus : festivals.telerama.fr/festivalenfants
RACONTEZ-NOUS QUEL FILM A MARQUÉ VOTRE ENFANCE SUR TÉLÉRAMA-VODKASTER
Pour les cadets d’eau douce et les petites voleuses que nous étions, un premier souvenir de cinéma reste comme un totem. Alors, à l’occasion du Festical cinéma Télérama Enfants, nous aimerions passer le flambeau de nos primes amours aux tout jeunes spectateurs et à leurs parents qui nous liront, en constituant la grande liste de l’enfance du cinéma de la communauté. Pour en savoir plus : rendez-vous sur Télérama-Vodkaster

Certains témoignages sont extraits de notre série d’articles « Un cinéaste au fond des yeux ».

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