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Sarkozy, Macron, Darmanin... Les accusations "off" de Laurent Wauquiez

Dans des propos acides tenus jeudi lors d'une conférence à l'Ecole de management de Lyon, et révélés vendredi par l'émission Quotidien, Laurent Wauquiez assure notamment que Nicolas Sarkozy plaçait ses ministres sur écoutes et qu'Emmanuel Macron a mis en place une "cellule de démolition" de François Fillon. Le patron de la droite menace de suites judiciaires.

Arnaud Focraud , Mis à jour le
Laurent Wauquiez, fin janvier lors du conseil national de son parti.
Laurent Wauquiez, fin janvier lors du conseil national de son parti. © Abaca Press

Il avait pourtant prévenu : "Il faut que tout ce que je dise reste entre nous, donc pas de tweets [...] pas de transcription de ce que je dis." Cette consigne, Laurent Wauquiez l'a dictée jeudi à des étudiants l'Ecole de management de Lyon, où il est venu faire une intervention. Las, un enregistrement sonore est bien sorti de ce cours : il a été diffusé vendredi soir dans l'émission Quotidien de TMC. Le patron de la droite y fait des déclarations acides, d'Emmanuel Macron à Nicolas Sarkozy en passant par Angela Merkel et le ministre Gérald Darmanin. Une parole sans filtre que Laurent Wauquiez justifie par "l'espace de liberté" dont il dispose devant les étudiants de cette école lyonnaise. "Sinon ce que je vais vous sortir sera juste le bullshit [la connerie, NDLR] que je peux sortir sur un plateau médiatique", prévient-il.

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Sarkozy "mettait sur écoutes" ses ministres

Et Laurent Wauquiez y tient effectivement des propos qu'il ne pourrait faire habituellement devant une caméra. Nicolas Sarkozy? "Il en était arrivé au point où il contrôlait les téléphones portables de ceux qui rentraient en Conseil des ministres. Il les mettait sur écoutes pour pomper tous les mails, tous les textos, et vérifier ce que chacun de ses ministres disait au moment où on rentrait en Conseil des ministres", assure le président des Républicains, qui soutenait encore l'ex-chef de l'Etat en 2016 lors de la primaire de la droite. 

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Quant à Emmanuel Macron, "objectivement, il a quand même eu un alignement de planètes assez inespéré. Que Fillon gagne la primaire et que derrière, il le démolisse... Je suis sûr et certain qu'il l'a organisé, je pense qu'ils ont largement contribué à mettre en place la cellule de démolition. Je n'ai aucun doute que le machin a été totalement téléguidé", accuse le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Par ailleurs, ce dernier affirme que "pour faire cool", l'actuel Président copie sur lui en se "mettant en bras de chemise".

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Darmanin, "du Cahuzac puissance 10!"

Laurent Wauquiez revient également sur le sort du ministre Gérald Darmanin. "Vous avez une interview sur Franceinfo avec [Jean-Michel] Apathie qui est absolument extraordinaire! [...] C'est du Cahuzac puissance 10!", dit le patron de la droite, dont est issue Gérald Darmanin, lui-même coordinateur de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2016. "Le type sait très bien ce qu'il a fait, il sait très bien ce qui va arriver. Juste celui-là, je le commenterai deux secondes parce que quand même il est tellement drôle", "vous penserez à moi dans les semaines qui viennent parce que lui je ne lui promets pas un grand destin. Parce que ça va faire très mal et ça va devenir l'incarnation de ce qu'a été (Jérôme) Cahuzac", enchaîne Laurent Wauquiez.

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En regardant [les responsables LR] dans les yeux, je me demandais : il y en a combien qui se disent 'pourvu que ça ne m'arrive pas'?

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"Il va tomber", tranche-t-il. Vendredi peu avant la diffusion de ces extraits, la plainte pour viol qui visait Gérald Darmanin a été classée par le parquet de Paris. Le ministre reste l'objet d'une autre enquête, pour abus de faiblesse. Toujours concernant ce ministre, Laurent Wauquiez évoque ensuite l'appel à la démission lancé par son parti qui n'a pas été suivi par plusieurs responsables LR. "J'ai sorti ça, j'ai été en minorité à l'intérieur de mon parti. Moment très dur pour moi à gérer", raconte-t-il. Avant d'aller plus loin : "J'ai eu toute une série de voix dissonantes qui ont dit 'non mais nous on trouve que c'est bien, faut qu'il reste, présomption d'innocence'. En ayant eu une séance de débat autour de la table avec un certain nombre de responsables de notre famille politique... En les regardant dans les yeux, je me demandais : il y en a combien qui se disent 'pourvu que ça ne m'arrive pas'?"

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La majorité dénonce le "mépris" de Wauquiez

Dans l'enregistrement diffusé par Quotidien, Laurent Wauquiez a également un mot pour Angela Merkel - "Vous avez déjà regardé son compte Instagram? Croyez-moi, pour y trouver du charisme, il faut vraiment se lever de bonne heure!" - et, évoquant les "enjeux de sécurité" en France, prédit que dans "les trois à quatre ans, ça va péter très très mal et très très dur". 

La réaction de Laurent Wauquiez est intervenue samedi à la mi-journée. Dans une déclaration transmise à l'AFP, il dénonce la diffusion de ses propos tenus devant des étudiants, "enregistrés de façon illégale", et menace de "suites judiciaires". "Ces propos ont été tenus dans le cadre privé d'un enseignement, au cours d'une discussion libre avec des étudiants, parfois sur le ton de l'humour. Ce cours amenait notamment les étudiants à réfléchir sur les rumeurs et les fantasmes qui nourrissent la vie politique", justifie-t-il. "Il n'a par exemple jamais été question dans mon esprit de soutenir qu'on ait fait surveiller des membres du gouvernement dans le cadre du Conseil des ministres", assure-t-il.

Samedi, Gérald Darmanin s'est quant à lui dit "étonné" par la nature de ces propos "tenus dans une grande école de commerce". 

Ces révélations avaient fait avant cela déjà grand bruit sur les réseaux sociaux. "Diffamations, injures, vulgarité... Une conception particulière de l'enseignement... Les étudiants de EMLYON méritent mieux!", a réagi sur Twitter Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement. "La vraie nature de Laurent Wauquiez : mépriser les journalistes, Nicolas Sarkozy ou Angela Merkel et même se convaincre qu'Emmanuel Macron le copie! C'est Surprise Surprise? Non?", a pour sa part interrogé le chef de file de La République en marche, Christophe Castaner. A droite, le silence primait. Pas sûr pour autant que les collègues de Laurent Wauquiez au sein des Républicains aient davantage apprécié que les partisans d'Emmanuel Macron.

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