A Munich, un écologiste allemand sous escorte policière pour éviter un incident avec les Turcs

    Déjà menacé de mort par Ankara, Cem Özdemir a fortuitement rencontré une délégation turque en Bavière. Sa protection a dû être renforcée.

     Cem Özdemir fut dans les années 90 l’un des deux premiers élus d’origine turque à faire son entrée au Bundestag, le Parlement fédéral allemand.
    Cem Özdemir fut dans les années 90 l’un des deux premiers élus d’origine turque à faire son entrée au Bundestag, le Parlement fédéral allemand. AFP/John MACDOUGALL

      Des membres de la délégation turque à la conférence sur la sécurité de Munich (Allemagne) se sont plaints auprès de policiers de la présence dans leur hôtel d'un «terroriste», a rapporté le quotidien Die Welt.

      Un « dangereux individu » qui n'est autre que l'ancien responsable des Verts allemands, Cem Özdemir, né de parents turcs, très critique à l'égard de la politique du président conservateur Recep Tayyip Erdogan.

      « En m'enregistrant à l'hôtel, il y a eu une rencontre fortuite avec la délégation turque. Ils m'ont regardé avec étonnement et fureur », a expliqué Cem Özdemir qui fut dans les années 90 l'un des deux premiers élus d'origine turque à faire son entrée au Bundestag, le Parlement fédéral allemand.

      Aussi samedi matin, en sortant de sa chambre pour se rendre dans la salle du petit-déjeuner, l'écologiste a été placé sous bonne escorte. Une demi-douzaine de policiers l'attendaient et l'ont accompagné toute la journée pour le protéger d'éventuels incidents avec la délégation turque.

      Menacé de mort

      Cem Özdemir s'est attiré les foudres des autorités turques ces dernières années pour avoir dénoncé les atteintes aux droits de l'Homme commises par Ankara et plaidé avec force pour la reconnaissance par l'Allemagne du génocide arménien dans l'Empire ottoman.

      Menacé de mort, il avait fait l'objet d'attaques du président turc qui avait dénoncé le « sang impur », selon lui, des députés allemands d'origine turque. L'élu écologiste est depuis placé sous escorte policière lors de manifestations où il doit tenir un discours.

      Quand bien même le journaliste germano-turc Deniz Yücel a été libéré vendredi après un an passé dans les geôles d'Erdogan, Cem Özdemir juge que «la Turquie est toujours un Etat de non-droit». Selon lui, la détente récente observée entre Berlin et Ankara n'existait que «dans les rêves de la grande coalition» qu'espère former Angela Merkel avec les sociaux-démocrates.

      L'Allemagne et la Turquie s'efforcent d'apaiser leurs tensions nées après le coup d'Etat manqué contre Recep Tayyip Erdogan en juillet 2016. Ce dernier a manifesté sa volont de se rendre à Berlin, dès que la «GroKo» sera en place, selon Die Welt.