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L'irrésistible envolée de la taxe sur les résidences secondaires

+VIDEO. Nice et Bordeaux après Paris et d'autres villes attractives vont gonfler cette année leur taxe sur les résidences secondaires pour dissuader les meublés touristiques type Airbnb. Une évolution de la réglementation est aussi à l'étude.

Par Matthieu Quiret

Publié le 19 févr. 2018 à 17:01

Dans quelques jours, Alain Juppé va demander au conseil municipal de Bordeaux d'augmenter la surtaxe d'habitation sur les résidences secondaires. Selon nos informations, la ville souhaite faire grimper le taux de 20 % à 50 % pour les impôts de 2019, pas très loin de la butée de 60 % autorisée par le Parlement dans la loi de finances 2017.

Il y a quelques semaines, le maire de Nice, Christian Estrosi, a obtenu une large majorité à droite comme à gauche pour tripler le taux de la taxe, à 60 %. Fin 2017, la ville basque de Saint-Jean-de-Luz  a doublé à 40 % son taux pour application dès cette année. Et le maire de Toulouse indique aux « Echos » y réfléchir. 

Paris en pointe

Toutes ces villes de droite comme de gauche ont la même cible qu'elles tentent d'attaquer par tous les flancs : l'inflation de résidences secondaires générée par la vague Airbnb. C'est à l'origine la mairie PS de Paris qui, en 2015, est montée au front et a obtenu du gouvernement d'alors la possibilité de surtaxer de 5 % à 20 % la taxe d'habitation des résidents intermittents dans les zones tendues en déficit de logement. Une centaine de villes appliquèrent ensuite la mesure, pour beaucoup dans des territoires très convoités par le tourisme ou en forte croissance, sur le littoral atlantique et méditerranéen. Sous la pression de ses alliés communistes, la maire Anne Hidalgo a réussi fin 2016 à convaincre l'exécutif d'offrir aux maires la possibilité de porter la surtaxe à 60 %. La ville de Montreuil-sous-Bois opta, comme Paris, pour ce maxima. Depuis, une petite dizaine de communes ont suivi. Les autres se contentent de taux inférieurs.

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Logements étudiants

Il semble que les faibles taux ne suffisent plus. Le maire de Saint-Jean-de-Luz, Jean-François Irigoyen, a doublé le sien pour le rendre plus efficace. « Nous avons enregistré une baisse de 3,4 % du nombre de résidences secondaires. Donc, la taxe fonctionne. Mais cela ne permet qu'une stabilisation. » Il reconnaît qu'elle apporte aussi une recette supplémentaire bienvenue vues les contraintes budgétaires actuelles : « Son produit va passer de 454.000 à 708.000 euros, ça facilite la construction de logement sociaux sans être douloureux pour les propriétaires, qui paieront en moyenne 140 euros de plus en 2018. »

Frédéric Garnier, le directeur général des finances à la mairie de Bordeaux justifie l'urgence de protéger l'habitation des résidents. « Rien qu'à la rentrée universitaire, nous avons enregistré 15.000 étudiants en plus, ça devient difficile de les loger à Bordeaux. » Il admet que le taux à 20 % en vigueur depuis un an dans la capitale girondine ne s'est pas révélé très efficace face aux 150 % de croissance d'Airbnb. En revanche, il sent que la mise en place début mars du numéro d'enregistrement obligatoire et l'augmentation de la pression fiscale commencent à convaincre des propriétaires de revendre ou de mettre en location classique leur bien.

Hidalgo et Juppé veulent une nouvelle taxe

La disparition de la taxe d'habitation prévue après 2020 impose la réforme des taxes sur les résidences secondaires et sur les logements vacants. « Les bases de ces taxes vont disparaître, nous plaidons pour les fusionner toutes les deux », explique Jacques Baudrier, élu PC à la mairie de Paris qui porte ce dossier avec l'adjoint au logement Ian Brossat. Ce dernier s'est rendu à Bordeaux mercredi dernier pour préparer avec le maire de Bordeaux un renforcement de l'arsenal anti-meublés. Les deux exécutifs veulent convaincre le ministre de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard, d'intégrer la fusion des deux taxes dans sa prochaine loi logement. Autre échéance possible : la loi de finances pour 2019, vecteur attendu de la réforme de la fiscalité locale.

Matthieu Quiret   

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