Oise : harcelé, frappé, il quitte finalement le lycée à Beauvais

Les parents d’un élève régulièrement insulté et frappé ont décidé de le retirer définitivement de l’établissement.

 Beauvais, le 16 février. Antoine* va quitter le lycée Corot de Beauvais, où il est en première année de CAP de métallerie, à cause du harcèlement dont il est victime.
Beauvais, le 16 février. Antoine* va quitter le lycée Corot de Beauvais, où il est en première année de CAP de métallerie, à cause du harcèlement dont il est victime. DR

    La décision est actée. Antoine* ne reviendra plus au lycée Corot de Beauvais (Oise). Le dernier épisode de violences verbales et physiques qu'il a reçues, début février, a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. « Il n'y remettra plus les pieds », tranche son père, Olivier*, qui souhaite témoigner sur le harcèlement scolaire. Une affaire à distinguer des agressions qui ont touché des élèves en janvier dans ce même établissement.

    Élève en première année de CAP métallerie, le lycéen de 16 ans est un adolescent chétif. « Les élèves se sont rendu compte qu'il n'était pas comme les autres, éclaire Olivier, en évoquant le passé de grand prématuré de son fils. Il a toujours eu un comportement différent des autres. Ce qui en fait une cible idéale. » Et ce depuis le collège.

    Une plainte déposée en décembre

    Au lycée, les ennuis ont commencé dès septembre. L'élève est poussé dans la cour par un camarade. Résultat : une fracture au coude et six semaines d'ITT. En décembre, « lors d'un atelier pratique, un élève dépose volontairement une pièce chauffée à blanc sur ma main droite », explique Antoine. « On dit que c'est un jeu entre les élèves. Ce n'est pas un jeu. Ce sont des sévices », s'offusque son père. Une plainte est déposée au commissariat de police. Parallèlement, l'élève incriminé est renvoyé de l'établissement.

    « Les insultes au lycée, c'est quotidien. Ça lui passe au-dessus, remarque son père. Antoine est très résiliant ». Mais début février, le garçon aux airs d'introverti se fait coincer dans un couloir par plusieurs élèves et encaisse gratuitement des coups. Nouvelle plainte des parents, nouvelle alerte auprès du lycée. Cela en est trop pour la famille. « On ne veut pas qu'il finisse sur un lit d'hôpital », estime Laurence*, la mère. « On va monter un dossier pour qu'il aille chez les Compagnons du devoir », précise son père.

    Le directeur académique, Jacky Crépin, indique que « cette situation est bien suivie par le chef d'établissement ». Et qu'en matière de harcèlement scolaire, un protocole départemental est mis en place depuis l'année dernière « pour suivre les harceleurs » et « accompagner les harcelés ». « Comment venir à bout de cette plaie ? Interroge Jacky Crépin. En créant de situations de confiance, en formant les professeurs et les jeunes. »

    *Les prénoms ont été modifiés