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Politique

Le coup de téléphone Sarkozy-Wauquiez selon le Canard enchaîné

Nicolas Sarkozy et Laurent Wauquiez en décembre 2017.

Nicolas Sarkozy et Laurent Wauquiez en décembre 2017. - JEFF PACHOUD / AFP

Dans son édition à paraître mercredi, l'hebdomadaire dévoile la teneur du coup de fil incendiaire entre Laurent Wauquiez et Nicolas Sarkozy après que des propos peu amènes tenus par le premier sur le second devant des étudiants d'une école de commerce lyonnaise ont fuité dans les médias.

Pour Nicolas Sarkozy, c'est simple. Commencer un séminaire devant des étudiants en leur demandant de ne pas enregistrer ou retranscrire ses propos, sous peine de leur servir "le bullshit" ("foutaise" en français) qu'on distribue apparemment sur les plateaux, comme l'a fait Laurent Wauquiez à l'EM Lyon en fin de semaine dernière, est une "erreur de débutant", selon les mots de l'ancien chef de l'Etat repris par le Canard enchaîné. "Il légitime ainsi le fait qu'étudiants et journalistes rapportent ses propos off", a enchaîné l'ancien président de la République. 

"Wauquiez était piteux", selon Sarkozy

Nicolas Sarkozy a eu l'occasion de le dire, et bien d'autres choses encore, au principal intéressé lors d'un coup de téléphone. Après que les premiers extraits de son cours détonnant ont été diffusés vendredi soir dernier, Laurent Wauquiez a composé le numéro de son ancien mentor, pour s'excuser. Il faut dire que l'attaque avait été lourde entre les murs de l'école de commerce:

"Nicolas Sarkozy en était arrivé au point où il contrôlait les téléphones portables de ceux qui rentraient en Conseil des ministres. Il les mettait sur écoute pour pomper tous les mails, tous les textos… Et vérifiait ce que chacun de ses ministres disait au moment où on entrait en Conseil des ministres". 

Après en avoir discuté avec le président du Conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes, Nicolas Sarkozy a signalé publiquement qu'il avait "pris note" des excuses de Laurent Wauquiez. Mais le Canard enchaîné, à paraître mercredi, a eu ouï dire que l'échange avait été rien moins qu'agréable et policé.

"Je l’ai pulvérisé. Il m’a présenté ses excuses. Il était piteux. Ensuite, je ne l’ai pas laissé en placer une", a raconté Nicolas Sarkozy à son entourage. Dans le détail, Nicolas Sarkozy a tenu un langage des plus acérés au président des Républicains: "Beaucoup de monde me disait que tu n’étais grosse merde. Aujourd’hui, je n’ai d’autre choix que de penser comme eux."

Tout aussi personnel, il a ajouté: "Il paraît que tu as des ambitions présidentielles. Si j’étais toi, je trouverais un autre métier." 

"Il est parti en vrille" 

Laurent Wauquiez avait indiqué aux étudiants qu'il ne prêtait pas "un grand avenir" à Gérald Darmanin. La prédiction n'a pas plu à Nicolas Sarkozy: "Tu prétends que Darmanin n’a plus d’avenir politique, mais, toi, quand je vois que, sitôt à la tête du parti, tu commences comme ça, je me dis que tu n’iras pas loin. L’électorat des Républicains va t’en vouloir, et, sans lui, tu ne pèses pas grand-chose."

Nicolas Sarkozy ne croit pas à une vraie fausse sortie de route de Laurent Wauquiez, à une botte secrète de sa communication. "Grisé par ses succès, il est parti en vrille", a-t-il analysé, en marge de ce coup de fil. 

Une proche conseillère de Nicolas Sarkozy, véronique Waché, a toutefois invité à la prudence sur Twitter. "Toujours mieux de rappeler que le Canard n'est pas le canal officiel d'expression de Nicolas Sarkozy. A bon entendeur...". 

Robin Verner