Ca se passe en Europe : quand « Bild » fait voter un… chien sur l'avenir de Merkel
Le quotidien populaire a inscrit un chien de trois ans au SPD, dont les 463.000 membres sont appelés à voter pour ou contre une grande coalition avec la CDU de Merkel.
Par Thibaut Madelin
Ca a l'air d'un canular, mais ça constitue un nouvel épisode dans le feuilleton tragi-comique de la « GroKo », la grande coalition qu'essaie de former Angela Merkel avec le Parti social-démocrate (SPD). Alors que les quelque 463.000 adhérents du SPD votent jusqu'au 2 mars pour ou contre une nouvelle alliance avec les conservateurs de la CDU-CSU, « Bild » a révélé mardi avoir inscrit un chien comme nouveau membre du parti. « Ce chien peut voter sur la GroKo », titre le quotidien populaire en Une avec la photo de Lima, un chien de trois ans.
Le quotidien populaire, qui mène une campagne en faveur de la grande coalition, décrit par le menu l'historique de l'adhésion de Lima : inscription en ligne le 6 février à 15h47, confirmation par mail « deux heures et 16 minutes plus tard » et invitation par courrier à participer au référendum le 17 février. « Lima a trois ans. Lima vient d'Espagne. Lima est un chien ! », s'insurge « Bild », craignant un risque de manipulation du vote par des activistes d'extrême droite ou des soldats de Poutine. « Le SPD doit stopper cette chose », conclut-il dans un éditorial.
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Pour ajouter au drame, le journal a publié son enquête le même jour qu'un sondage plaçant pour la première fois de l'histoire le parti social-démocrate derrière l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), avec 15,5 % d'intentions de vote contre 16 % pour les populistes. Aux élections de septembre, le parti avait enregistré son plus mauvais score depuis 1949, avec 20,5 % des voix. Une étude qui équivaut à un séisme pour l'Allemagne et devrait renforcer les doutes des adhérents (humains) du SPD, tiraillés entre un soutien bon gré mal gré à la « GroKo » et un rejet qui peut coûter cher à leur image.
Saisine du Conseil de la presse
Le SPD a annoncé mardi soir avoir saisi le Conseil de la presse, chargé de vérifier le respect par la presse de la protection des données personnelles. « Le paragraphe 4.1 du Code de la presse prévoit que les journalistes doivent se déclarer clairement dans le cadre de leur recherche, déclare son avocat Christian Schertz, reprochant à « Bild » d'avoir une fausse identité. Particulièrement en temps de fake-news et de reproches de presse mensongère, ces prescriptions doivent être absolument respectées et ne l'ont pas été dans ce cas. »
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Le parti souligne par ailleurs que pour participer à la consultation, tout membre doit non seulement signer son bulletin de vote mais aussi déclarer sur l'honneur son identité. Invités à rejoindre ses rangs pour voter contre la « GroKo », plus de 24.000 adhérents ont rejoint le parti entre son congrès extraordinaire, le 21 janvier, et le 6 février. De quoi rendre incertaine l'issue du référendum, dont les résultats sont attendus le 4 mars. L'avenir d'Angela Merkel, qui joue son quatrième mandat, est en jeu.
Thibaut Madelin (Correspondant à Berlin)
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