2 952 SDF recensés à Paris

La Ville de Paris a livré ce mercredi matin le premier bilan de l’opération qui s’est déroulée la semaine dernière.

 Paris, pont d’Austerlitz (Ve), jeudi dernier. 1 700 bénévoles ont participé à la première Nuit de la solidarité.
Paris, pont d’Austerlitz (Ve), jeudi dernier. 1 700 bénévoles ont participé à la première Nuit de la solidarité. LP/Olivier Arandel

    «Vous allez voir, les chiffres sont impressionnants, trop importants, mais pas insurmontables» a prévenu Bruno Julliard, premier adjoint à la maire de Paris, Anne Hidalgo, lors d'une conférence de presse à l'Hôtel de Ville ce mercredi. Six jours après la Nuit de la Solidarité, le 15 février dernier, la Mairie a pu dévoiler les premiers résultats de ce décompte anonyme de sans-abri, une opération inédite en France.

    Les 2 000 bénévoles, dont 300 professionnels, ont dénombré 2 952 personnes sans-abri : 2 025 dans les rues de la capitale, et 738 dans les lieux protégés par les partenaires de la Ville. Dans le détail, ils étaient 200 dans sept gares par la SNCF, 49 dans 13 hôpitaux de l'AP-HP, 112 dans 27 parkings Vinci (sur une centaine) et 377 dans les stations de métro par la RATP. A ces chiffres s'ajoutent 189 SDF dans les bois (129 au bois de Vincennes, 20 au bois de Boulogne et 40 au parc de la Colline, XVIIIe).

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    Le résultat le plus surprenant est sans doute celui des hôpitaux. «Honnêtement, c'est une moyenne basse pour nous. En décembre, nous en avions compté 118. Ce chiffre bas s'explique par la période qui cumule à la fois le plan Grand Froid et le plan hivernal», explique Sophie Bentegeat, directrice des patients, usagers et associations AP-HP.

    En revanche, aucune surprise sur la répartition géographique des sans-abri. Le Nord-Est, qui accueille le plus de migrants, concentre 40 % des SDF parisiens. Ils sont 833 dans les rues du Xe, du XVIIIe, du XIXe et du XXe. À l'inverse, les huit arrondissements centraux en dénombrent 448, presque deux fois moins.

    «C'est une défaillance collective»

    Même si ce recensement permet à la municipalité d'avoir une «photographie à un instant T des personnes à la rue», il ne reflète pas tout à fait la réalité. Car leur nombre grimpe à 3 624 en incluant les 672 sans-logis mis à l'abri dans le cadre du plan Grand Froid, déclenché le 5 février dernier. Dominique Versini, adjointe chargée des solidarités, a d'ailleurs annoncé un prochain décompte en automne, «hors plan hivernal», pour ne pas fausser le résultat.

    Autre problème : toutes les équipes n'avaient pas forcément la même méthodologie. «Les bénévoles ont parfois rencontré des personnes qui ne se déclaraient pas en situation de rue. D'autres sans-abri ne pouvaient pas s'exprimer, alors certains volontaires ne les ont pas comptés», détaille Florence Pouyol, directrice du centre d'action sociale de la Ville de Paris (CASVP). Ces deux situations ont donc contribué à abaisser le total.

    Après ce long déroulé de chiffres, l'Hôtel de Ville n'a annoncé aucune mesure concrète. «Le nombre de sans-logis est une défaillance collective. Nous devons maintenant tous nous mettre autour de la table, associations et collectivités, pour répondre à ce défi», reconnaît Bruno Julliard.

    Eric Azière, président du groupe UDI-MoDem du Conseil de Paris, assume aussi une «coresponsabilité qui doit transcender les clivages politiques». Dans quelques semaines, la Ville présentera une «analyse objective et qualitative» des données, plus poussée que celle de ce mercredi. Le groupe UDI-MoDem «attend beaucoup» de ce diagnostic «qui permettra d'affiner au mieux les solutions de mise à l'abri des personnes vulnérables».