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Fermeture des urgences dans la Nièvre : 30 maires démissionnent

L'Agence régionale de santé estime qu'il faut fermer les services d'urgences «de moindre importance» afin de mieux répartir les urgentistes sur le territoire. Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro

L'hôpital de Clamecy pourrait perdre son service d'urgences de nuit. Les élus dénoncent une «décision arbitraire et néfaste pour la santé des habitants».

Les élus se mobilisent contre la désertification médicale dans la Nièvre. Comme ceux d'Avallon et Tonnerre dans l'Yonne, le service d'urgences de nuit de la ville de Clamecy, 3800 habitants, est menacé. Le projet de fermeture n'est pas encore acté, mais 30 maires de la Nièvre ont pris les devants: ce jeudi ils enverront leurs démissions au préfet qui disposera d'un mois pour les accepter. Dans la soirée, un rassemblement aura lieu devant le centre hospitalier de Clamecy. Les élus demanderont à être soignés pour «syndrome post-traumatique lié à la fermeture des urgences de nuit».

« Si on nous ferme les urgences de nuit, nous allons compter les morts »

Danielle Konieczny, Maire de Ouagne dans la Nièvre

Pour les maires de la Nièvre, ces démissions sont un ultime recours: «nous sommes poussés dans nos derniers retranchements car on ne veut pas nous entendre», explique au Figaro Danielle Konieczny, maire de Ouagne, une commune de 150 habitants voisine de Clamecy. Pour elle, cette fermeture serait une catastrophe: «Normalement les services d'urgences doivent intervenir dans les 30 minutes. Dans un territoire comme le nôtre où la population est âgée, si on nous ferme les urgences de nuit, nous allons compter les morts». Les élus locaux ont le sentiment d'être abandonnés: «On veut nous rayer de la carte», s'insurge Danielle Konieczny.

L'ARS veut mieux répartir les effectifs

Selon l'Agence régionale de santé (ARS), il manque 200 urgentistes dans les centres hospitaliers des villes importantes de Bourgogne. Elle estime que les services dits «de moindre importance» devraient être fermés afin de mieux répartir les effectifs dans la région. Le nouveau projet régional de santé, qui va justement porter sur l'organisation des secours dans la région Bourgogne-Franche-Comté, est encore en discussion. Il devrait être publié dans le courant du mois de juin.

Pour Clamecy, l'ARS pointe la faible activité des urgences de nuit. Selon elle, le centre hospitalier n'aurait pas les moyens de maintenir le service en l'état. D'ici juin, l'hôpital devra se contenter d'un seul médecin de nuit contre 2 à l'heure actuelle. Si les urgences de nuit ferment bel et bien, les riverains seraient condamnés à conduire entre 45 minutes et 1h pour atteindre les centres hospitaliers d'Auxerre ou de Nevers.

67 services d'urgences menacés en France

Une telle perspective scandalise les habitants qui réclament une santé accessible à tous 24 heures sur 24. Le 16 janvier dernier, une manifestation devant l'ARS à Dijon avait déjà réuni 250 personnes. Des pétitions circulent chez les médecins et les commerçants et un regroupement est prévu pour ce vendredi devant le centre hospitalier de Clamecy à l'occasion d'une réunion avec un représentant de l'ARS.

Selon le rapport Grall sur la territorialisation des urgences paru en 2015, plusieurs fermetures de services d'urgences sont déjà programmées. En tout, 67 services sont menacés en France, dont ceux de Decize et Clamecy dans la Nièvre, ainsi que ceux d'Avallon et de Tonnerre dans l'Yonne.

Pour mémoire dans la même région, l'ARS avait décidé la fermeture des urgences de Montbard, en Côte-d'Or, entre 20 heures et 8 heures, en 2015. Un an plus tard, le service des urgences fermait définitivement et l'activité était transférée à Châtillon-sur-Seine.

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