SOLIDARITEDes élèves SDF logés grâce à leurs professeurs

Strasbourg: Des élèves SDF logés grâce à la mobilisation de leurs professeurs

SOLIDARITEDes professeurs d’un collège de la Meinau étaient prêts à passer la nuit de jeudi à vendredi dehors, pour alerter l’opinion publique sur la situation de quatre élèves et leurs familles…
Des collégiens de la Meinau pourraient se retrouver à la rue dès lundi...
Des collégiens de la Meinau pourraient se retrouver à la rue dès lundi... - A. GELEBART / 20 MINUTES
Emeline Rojo

Emeline Rojo

EDIT : Peu après la publication de notre article, une enseignante nous a informé que leur mobilisation a rapidement permis de trouver une solution pour les collégiens.

Plusieurs collégiens d’un établissement de la Meinau dormaient dans des voitures ou dans la rue avec leurs familles malgré des températures glaciales en décembre. La mobilisation de leurs professeurs avait permis de leur trouver une solution d’hébergement à court terme. Seulement, une des familles logées dans un hôtel Formule 1 était menacée de se retrouver à la rue à partir de lundi.

Ce jeudi soir, des enseignants avaient même prévu de dormir dans leur voiture pour les soutenir. Fanny Durst, professeure d’histoire-géo, annonçait qu’une dizaine de professeurs étaient prêts à dormir dehors pour sensibiliser les pouvoirs publics sur les conditions de vie de ces familles. Une cagnotte en ligne est également ouverte pour collecter des dons.

Finalement, une famille sera prolongée en hôtel quelques jours avant d’être intégrée au dispositif "Sans logement" de la municipalité, et une autre sera placée en centre d’hébergement d’urgence.

Une solution à long terme nécessaire

Pour l’une des quatre familles concernées, la menace était plus qu’imminente. Logée dans un hôtel premier prix payé par le conseil départemental du Bas-Rhin, le financement devait s’arrêter ce jeudi 22 février, mais une prolongation a été consentie jusqu’à lundi.

Ce très court délai supplémentaire était loin de satisfaire les professeurs mobilisés : « On fait ça pour faire bouger les choses, mais pas pour quelques jours seulement. On espère obtenir une solution durable, sur plusieurs semaines, voire sur plusieurs mois. » Les enseignants rappellent que la famille en question est en règle, qu’ils disposent d’un titre de séjour les autorisant à être sur le territoire.

Une situation inconcevable

L’enseignante d’histoire-géo admet s’être voilée la face au début : « J’étais dans le déni. Pour moi il était totalement inconcevable que des familles avec de très jeunes enfants soient contraintes de dormir dans la rue. Je n’imaginais pas que ça puisse être réel aussi près de chez moi. Je me disais que les associations ou les services sociaux, que j’avais alertés, doivent certainement s’en occuper. Mon degré d’acceptation me travaille encore maintenant. » La mobilisation des enseignants de l’établissement dénonce la situation d’urgence de leurs élèves.

Les professeurs savent qu’ils suivront certainement ces familles sur du long terme car elles n’ont pas l’intention de rentrer dans leur pays d’origine. « Ce sont des gens qui n’ont plus rien sauf leurs enfants, et ils préfèrent dormir dehors plutôt que de rentrer dans leur pays. J’ose donc à peine imaginer quelle situation dramatique ils ont fuie », affirme Fanny Durst.

Déconstruire les clichés sur les migrants

Pour la professeure, mettre en lumière la situation urgente de ces familles peut servir à déconstruire les clichés souvent bien encrés sur les migrants : « Non ils ne sont pas sales, ou mal intégrés. L’un des élèves en question est même le premier de sa classe ! Cela m’énerve de devoir insister sur le fait qu’ils sont brillants à l’école car ce n’est pas ce qui importe. Aucun enfant ne devrait dormir dans la rue, point barre. J’ai l’impression de devoir servir un discours sur l’immigration que je ne cautionne pas. Il faut casser les clichés véhiculés sur les migrants, ça peut arriver à n’importe qui, et très vite ».

Les professeurs espèrent bien qu’aider ces familles de manière ciblée permettra d’aider tous les autres. Ils ont alerté les médias et les parlementaires pour que les élus soient conscients que derrière leurs lois (la loi « asile et immigration » présentée mercredi par le gouvernement​) il y a des visages, des vraies personnes.

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