Dans les Bouches-du-Rhône, cette usine de papier pollue en toute impunité

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Nathalie Chevance, édité par A.H.
À Tarascon, dans les Bouches-du-Rhône, l'usine Fibre Excellence, classée Seveso 2, a jusqu'ici ignoré tous les arrêtés et plaintes à son encontre. Elus et riverains sont excédés.
REPORTAGE

Des volutes de fumée qui s'élèvent des cheminées de l'usine, des odeurs de chlore qui prennent à la gorge... Pour fabriquer de la pâte à papier, l'usine Fibre Excellence rejette tous les jours dans l'air des particules fines et déverse dans l'eau des métaux lourds. La préfecture a rappelé la direction à l'ordre à de nombreuses reprises, mais rien ne change. Les conséquences sont de plus en plus graves pour la santé des riverains.

Plus de pollution que dans un grand centre-ville. Depuis quelques jours, les services d'Air Paca ont installé un capteur dans une école située à quelques centaines de mètres de l'usine, en rase campagne. Résultat : il y a plus de pollution ici que dans un grand centre-ville. "Cet industriel ne respecte pas les valeurs réglementaires à l'émission. En termes de particules relativement fines, qui posent problème pour la santé humaine, on a effectivement obtenu des teneurs plus élevées en ce lieu", atteste un référent d'Air Paca. 

"Dix fois plus de cancers qu'il y a 45 ans". Michel en sait quelque chose. Ce riverain a porté plainte, victime de problèmes de santé récemment. "J'ai été pris à la gorge, au nez, aux yeux. J'étais obligé de me mettre en apnée tellement l'odeur de chlore était forte. On est vite rentrés chez nous, car c'était impossible de respirer", rapporte-t-il. Dans les cabinets médicaux, les médecins notent, entre autres, une recrudescence des problèmes cardiorespiratoires. Le docteur Giral soigne des patients de plus en plus inquiets. "Ce qui est catastrophique, c'est la prévalence de cancers. C'est dix fois plus qu'il y a 45 ans. Je ne peux pas m'empêcher de penser à la relation de cause à effet entre les deux", s'alarme-t-il.

"Les services de l'Etat ne lâcheront rien". Quant au sous-préfet, Michel Chpilevsky, il maintient la pression sur l'industriel, et multiplie les rappels à l'ordre. Mais ceux-ci ne sont, pour l'heure, pas suivis d'effets. "Cette usine n'a pas payé d'amende jusqu'à présent. Trois arrêtés ont été pris depuis un peu plus d'un an. Mais les services de l'Etat ne lâcheront rien", prévient-il. D'ici cet été, l'industriel est en principe contraint d'installer des filtres sur ses cheminées.