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« En Afrique, les start-up répondent à des problématiques relevant des compétences des Etats »

Inclusion financière, marché informel, microprêts : les créateurs du fonds Partech Africa décodent la révolution numérique à l’œuvre sur le continent.

Propos recueillis par  (chroniqueur Le Monde Afrique)

Publié le 23 février 2018 à 14h58, modifié le 23 février 2018 à 14h58

Temps de Lecture 3 min.

Tidjane Deme et Cyril Collon, les deux associés de Partech Africa.

Avoir pignon sur rue à Paris et San Francisco ne suffit plus au bonheur de Partech Ventures. Créé en 1982, le fonds de capital-risque transatlantique s’installe à Dakar et mise désormais sur l’Afrique. Il a lancé le 18 janvier Partech Africa, son premier fonds africain (57 millions d’euros réunis à ce jour), avec pour objectif d’identifier et de faire grandir les prochains champions de la « tech » africaine. Aux commandes, deux amis, Cyril Collon et Tidjane Deme, convaincus que l’heure est enfin venue pour la « tech » africaine.

Comment a débuté l’aventure Partech Africa ?

Cyril Collon (CC) Nous nous connaissons depuis nos études supérieures à Paris. Tidjane arrivait de Dakar, moi de Douala, où j’ai notamment grandi. Tidjane est par la suite devenu directeur de Google en Afrique francophone, moi vice-président des ventes Afrique de Verscom Solutions. Il y a deux ans, nous nous sommes retrouvés autour d’un café à Paris. Nous sentions tous les deux que l’Afrique suscitait énormément d’intérêt et que le moment était venu de construire quelque chose ensemble sur le continent.

Tidjane Deme (TD) Face à cette dynamique, nous nous sommes posé une question : que pouvons-nous faire ? Ne serait-il pas possible d’amener des grands fonds de capital-risque internationaux à penser avec nous l’Afrique différemment ? C’est ainsi qu’avec Romain Lavault et Philippe Collombel, tous deux associés de Partech Ventures, que nous connaissions déjà bien, des synergies ont vu le jour. Partech Ventures n’était pas encore présent sur le continent mais commençait à voir arriver, depuis Paris, un flux africain d’affaires de plus en plus structurant. Partech Africa est né à ce moment-là.

Trouver votre premier souscripteur a été difficile ?

CC Grâce à sa notoriété reposant sur trente-cinq années de présence en Europe et dans la Silicon Valley, Partech Ventures nous a permis de crédibiliser une nouvelle offre de capital-risque centrée sur la « tech » africaine. La période était la bonne. La Banque mondiale, qui n’avait jamais souscrit dans des fonds centrés sur le numérique en Afrique, a réalisé son premier investissement de ce type à nos côtés. Nous avons été rejoints par le fonds Averroès, géré par Proparco et BPI France, et par la Banque européenne d’investissement.

Mais aucun investisseur africain ne figure à votre tour de table…

TD Pour le symbole, nous aurions aimé pouvoir annoncer immédiatement des investisseurs africains. Mais l’écosystème d’investissement n’est pas encore assez développé sur le continent. Nous discutons avec de potentiels investisseurs africains privés pour le second tour de table de Partech Africa. Nous avons en Afrique des start-up qui tous les jours répondent, en utilisant le numérique, à des problématiques relevant des compétences de l’Etat. Donc les Etats africains vont aussi faire de plus en plus attention à ce phénomène. Le plus important, c’est que là où hier notre génération voyait des contraintes, ces entrepreneurs qui n’ont peur de rien voient des opportunités. Ils n’ont peur de rien, ils touchent à tout, y compris à ce qui est du ressort des pouvoirs publics.

Partech Africa serait donc un fonds d’impact social ?

TD Notre thèse d’investissement, c’est que les entrepreneurs sont déjà en train de s’attaquer à des problèmes structurels du continent. Ce sont eux qui font de l’inclusion financière avec les « fintech » [technologies financières]. Ce sont eux qui sont en train de résoudre une grande partie des problèmes d’électricité en Afrique. Ce sont eux, enfin, qui vont numériser le marché informel et le rendre plus efficace. Je crois beaucoup en l’impact, cependant je ne suis pas sûr que la meilleure approche soit d’essayer de forcer les choses en faisant nécessairement de l’impact dit « social ».

Comment évaluez-vous le potentiel de l’intelligence artificielle en Afrique ?

TD La démocratisation de l’intelligence artificielle permet de créer de nouveaux services, y compris dans l’informel. Par exemple, les plateformes de prêt utilisent de plus en plus des méthodes d’intelligence artificielle pour évaluer le risque client dans le cadre de microprêts aux petits commerçants ou aux paysans africains.

Samir Abdelkrim, entrepreneur et consultant avec StartupBRICS. com, un blog sur l’innovation dans les pays émergents, est chroniqueur technologies pour Le Monde Afrique. Depuis 2014, il a parcouru une vingtaine d’écosystèmes start-up africains et en a tiré un livre, Start up Lions, en vente en format imprimé et numérique.

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