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Comment l'horaire d'un avion met à mal la défense de Tariq Ramadan

Selon les informations de «Libération», Tariq Ramadan serait arrivé en milieu de journée à Lyon, le 9 octobre 2009. Un élément qui compromet sa ligne de défense.
par Bernadette Sauvaget
publié le 23 février 2018 à 17h35

C'est un horaire d'avion capital. Et qui risque de mettre en difficulté le théologien suisse Tariq Ramadan, mis en examen pour deux viols le 2 février. A quelle heure est-il vraiment arrivé le 9 octobre 2009 à Lyon, date à laquelle aurait eu lieu le deuxième viol ? En milieu de journée et non pas en fin d'après-midi, selon un dossier de réservation consulté par Libération et publié, vendredi après-midi, par le site d'informations Muslim Post. Tariq Ramadan a pris un vol, en provenance de Madrid, sur la compagnie Iberia dont l'arrivée était prévue à 11h15. Contacté par Libération, l'avocat du théologien, Me Yassine Bouzrou, affirme qu'il n'y a «aucun élément à ce sujet dans le dossier d'instruction».

Le vol en provenance de Madrid remet en cause l'emploi du temps fourni par le  théologien. En se fondant sur une réservation d'avion, celui-ci affirme n'être arrivé à l'aéroport de Lyon qu'en fin d'après-midi, à 18h35, venant de Londres. Un timing qui fragilisait le témoignage de «Christelle», la deuxième femme à avoir porté plainte, fin octobre, contre Tariq Ramadan. Celle-ci affirmait que les faits reprochés au théologien (mais qu'il nie) avaient eu lieu deux ou trois heures avant la conférence qu'il tenait le soir même à Lyon. Organisé par l'UJM (Union des jeunes musulmans), une association qui a beaucoup participé à la notoriété de l'intellectuel suisse, elle devait débuter à 20h30. Toutefois, elle a commencé plus tardivement. Dans un témoignage publié par Libération, le leader musulman local Abdelaziz Chaambi se montre formel : Tariq Ramadan n'est arrivé ce soir-là qu'aux alentours de 21 heures.

Quoi qu'il en soit, selon des informations concordantes, des militants de l'UJM seraient venus chercher Tariq Ramadan à l'aéroport et l'auraient ensuite déposé à l'hôtel Hilton, là où Christelle, selon son témoignage, l'aurait rejoint. Ces précisions importantes sur le timing devraient être très prochainement clarifiées. En fin de semaine prochaine, plusieurs personnes vont être, en effet, audionnées à Lyon par la 2e DPJ, chargée de l'enquête.

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Selon des sources concordantes à Lyon, des discussions animées ont eu lieu au sein de l’UJM afin de s’accorder sur une ligne de conduite à tenir. L'organisation, très proche de Ramadan, disposait en effet d’informations en contradiction avec sa ligne de défense. Une réunion aurait eu lieu le dimanche 18 février au siège de l’UFCM (Union française des consommateurs musulmans) en présence notamment de Yamin Makri, figure historique des milieux musulmans lyonnais, fondateur de l’UJM. Avec Fetullah Othmani, ce fidèle lieutenant de Ramadan est l’organisateur en chef de sa campagne de soutien qui mit l’accent sur l’«alibi » (la supposée heure d’arrivée à 18h35) en fustigeant violemment la justice française. Cette pièce (la réservation d’avion qui mentionne 18h35) a, de fait, mystérieusement disparu du dossier avant de réapparaître lors de la garde de vue, début février, du prédicateur.

Dans la soirée, l'UJM pourrait s'exprimer publiquement ou demander à être entendue par la justice. Sollicités à plusieurs reprises par Libération, ses dirigeants  n'ont pas donné suite à nos questions.

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