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Victime du réchauffement, le manchot royal pourrait disparaître

Les manchots royaux devront quitter leurs lieux de vie pour continuer à se nourrir. C. Le Bohec (CNRS / IPEV / CSM)

Le manchot royal qui a réussi à s'adapter jusqu'à maintenant aux changements climatiques pourrait ne pas survivre à la rapidité du réchauffement actuel.

À l'instar de nombreuses autres espèces animales, le manchot royal pourrait ne pas survivre au réchauffement climatique. Une étude menée par une équipe du CNRS de l'Université de Strasbourg et du Centre scientifique de Monaco, publiée lundi dans Nature Climate Change  s'inquiète de ses chances de survie. Les capacités migratoires de cet oiseau, qui lui ont jusque-là permis de s'adapter et de survivre, pourraient désormais ne pas suffire face à la rapidité du réchauffement observé.

Le manchot royal est une espèce très singulière d'oiseau géant qui ne nidifie pas: l'œuf reste au chaud entre les pattes des parents. Il lui faut donc une plage de sable ou de galet à disposition. Mais il doit surtout pouvoir compter sur un garde-manger important à proximité. «Ces oiseaux se reproduisent pendant l'hiver ce qui nécessite de l'énergie pour maintenir leur température corporelle et celle de leur poussin», détaille Céline Le Bohec, chercheuse au CNRS, dernière auteure de l'article.

Contrairement à son cousin empereur qui vit sur les terres glacées de l'Antarctique, le manchot royal a élu domicile dans les archipels du front polaire antarctique, situés un peu plus au nord et très riches en poissons. Problème: ces poissons, qui constituent l'essentiel de son régime alimentaire, sont poussés vers le sud par le réchauffement des eaux. Le garde-manger vient donc à se tarir. «On peut envisager que d'autres poissons viennent d'eaux plus chaudes, au nord, pour les remplacer, mais il paraît impossible que les manchots puissent adapter leur régime alimentaire en si peu de temps», explique Céline Le Bohec.

Les oiseaux sont obligés de faire des allers-retours de plus en plus longs pour se nourrir. Pendant que les parents chassent, les poussins se retrouvent seuls à jeûner et sont très vulnérables. «Pour la plupart des colonies, la durée du voyage alimentaire des parents dépassera bientôt les capacités de résistance des poussins», constatent les chercheurs.

La migration de trop

Les oiseaux sont obligés de faire des allers-retours de plus en plus longs pour se nourrir. C. Le Bohec (CNRS / IPEV / CSM)

Comme toutes les espèces qui voient leur environnement devenir hostile, les manchots royaux pourraient très bien se résigner à une forme d'exil, en suivant leur frigidaire un peu plus au sud. Ces oiseaux n'en seraient pas à leur première migration. L'équipe de chercheurs a pu étudier des spécimens de l'ensemble des populations de manchots royaux et a mis au jour une très grande proximité des patrimoines génétiques. Preuve que les populations sont connectées entre elles. Elles n'ont pas toujours été séparées comme elles le sont aujourd'hui. Les manchots royaux ont déjà réussi à survivre à des crises environnementales et semblent mêmes capables d'explorer l'océan Austral pour trouver de meilleurs refuges. C'est pour s'adapter au changement climatique des derniers millénaires qu'ils ont dû migrer et qu'ils se retrouvent sur des environnements morcelés.

Mais cette fois, les tentatives migratoires risquent de s'avérer vaines. «Les deux pôles sont les endroits du globe où les conséquences du réchauffement sont les plus violentes» précise Céline Le Bohec. «Le changement est donc trop rapide pour que les manchots s'adaptent.» Il n'y a que très peu d'îles entre leur lieu d'habitation actuel et l'Antarctique et la montée des eaux ne fait qu'aggraver la situation. Il semble compliqué d'y abriter des colonies aussi grandes que celles d'aujourd'hui. Les manchots royaux risquent de se faire concurrence entre eux pour survivre sur de tout petits territoires. Sans parler des autres espèces de manchots qui peuplent déjà ces îles.

Les oiseaux doivent en plus faire face à une autre concurrence, celle des bateaux de pêche qui grignotent eux aussi dans leur stock nourriture. Tous ces facteurs rendent la chercheuse du CNRS bien pessimiste: «Au vu des situations de chacune des îles du front polaire antarctique, on peut estimer que 70% de la population de manchot royal devrait s'éteindre très rapidement.»

En 2015, une étude de l'Union internationale pour la conservation de la nature révélait qu'une espèce d'oiseau sur huit était menacée d'extinction. Les oiseaux marins sont particulièrement touchés: 69,7% d'entre eux auraient déjà disparu sur une période de 60 ans, entre 1950 et 2010, selon une autre étude publiée la même année dans la revue PLOS ONE.

Victime du réchauffement, le manchot royal pourrait disparaître

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77 commentaires
  • sérac

    le

    Le manchot royal va disparaître . Les bras m'en tombent !

  • E6O8

    le

    Les observations ne montrent pas de réchauffement significatif de l'Antarctique :
    .
    www.climate4you.com/images/MSU UAH ArcticAndAntarctic MonthlyTempSince1979 With37monthRunningAverage.gif
    .
    www.climate4you.com/images/70-90S MonthlyAnomaly Since1957.gif
    .
    www.climate4you.com/images/AntarcticTemperatures.gif

  • tecktango2

    le

    A force mais à force de nous rabâcher les mêmes choses sur le supposé "réchauffement climatique", il se pourrait bien qu'un jour, les gouvernements finissent pas y croire et fassent payer à leurs administrés des impôts nouveaux pour lutter contre quelque chose qui n'existe pas.

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