PARITÉ - Traiter de la place des femmes dans les mathématiques... d'un point de vue 100% masculin. Cela vous tente?
C'est en tout cas ce qu'a proposé le club de Mathématiquesde la Brigham Young University, dans l'Utah, aux États-Unis, lors de son événement mensuel "Les femmes et les maths" qui aborde différents thèmes et entend favoriser l'insertion de la gente féminine dans ce domaine.
Tout est parti d'un poster créé par des étudiants pour l'occasion, note la version américaine du HuffPost. On y voit écrit en grosses lettres: "Les femmes et les maths" et quatre photographies d'experts... tous de sexe masculin.
Un panel jugé peu représentatif, surtout quand on sait qu'il s'agit de parler des femmes, qu'une étudiante de cette université a immédiatement pointé du doigt.
Stephanie Driggs a ainsi posté la fameuse affiche sur Twitter mardi 20 février, alors que la conférence se tenait le lendemain. "Est-ce que c'est une blague?", pose la jeune femme face à l'ironie de la situation dans ce tweet supprimé depuis.
En relayant ce poster qui l'a manifestement choquée, l'objectif de cette dernière n'était pas "d'attaquer la personne qui l'a crée", mais plutôt "d'éveiller les consciences et d'entamer une discussion autour du sexisme et du manque de femmes dans le milieu scientifique", rapporte le quotidien Irish Independent.
L'établissement a quant à lui assuré que cette affiche avait une "bonne intention" sur son compte Facebook le 21 février. "Il n'était aucunement question de dégrader les femmes ou d'être satiriques", peut-on lire.
Le club se veut au contraire un fervent défenseur de la place des femmes dans le monde scientifique, comme on peut le voir sur son site internet.
L'une des conseillères du club, Martha Kilpack, a affirmé qu'il s'agissait là d'une maladresse. "Le poster était simplement une regrettable association de mots et de photos", a-t-elle expliqué à Fox 13, avant d'ajouter que les affiches ont été retirées à la suite des réactions.
"Ce n'était pas pas une déclaration politique. Ce n'était rien d'autre qu'un moyen d'inciter les étudiantes en Sciences à assister à cette activité", martèle cette dernière.
Le club a eu "de nombreuses intervenantes au cours de ses événements, a-t-elle tenu à ajouter, et cette fois-ci, c'était quatre hommes".
Une sous-représentation des femmes en Sciences
Dans son rapport sur la science ("Science Report: Towards 2030") publié en 2017, l'Unesco souligne les écarts entre le nombre d'hommes et de femmes dans les domaines de la Science, Technologie, Ingénierie et Mathématiques (STEM) et livre des statistiques sur la "sous-représentation" des femmes dans ces secteurs.
Selon l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture, en dépit du fait que plus de la moitié des diplômés du baccalauréat et d'une maîtrise dans le monde sont des femmes, seulement 28% d'entre elles sont chercheurs dans le secteur scientifique.
Aussi, d'après une étude réalisée en 2014 pour le programme "L'Oréal-Unesco Pour les Femmes et la Science", on ne trouve que 29% des femmes à la tête d'institutions scientifiques en France, 27% aux Etats-Unis, 20% en Allemagne ou encore 6% au Japon.
Des disparités qui s'expliquent notamment par les préjugés tenaces sur l'intérêt des femmes pour le domaine scientifique. En 2015, un sondage Opinion Way pour La Fondation L'Oréal Femmes et Science révélait que 90% des Européens estiment les femmes douées pour tout sauf les sciences.
Certaines femmes en ont eu assez et ont décidé d'affirmer leur légitimité. En mai 2015, des centaines de scientifiques ont ainsi lancé le hashtag #girlswithtoys ("Des filles avec des jouets") et partagé sur Twitter des photos d'elles "jouant" avec des microscopes, des circuits électroniques, des robots, et un tas d'autres outils, pour montrer qu'elles ont tout autant leur place dans le milieu scientifique que leurs confrères masculins.
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