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"Française de papier" : Nadine Morano recycle une expression d'extrême droite contre Rokhaya Diallo
Dans "TPMP", Rokhaya Diallo et Bernard de la Villardière se sont affrontés sur la question du hijab.
Capture d'écran C8/Twitter @nadine__morano

"Française de papier" : Nadine Morano recycle une expression d'extrême droite contre Rokhaya Diallo

Droite extrême

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En critiquant sur Twitter une intervention de Rokhaya Diallo sur le plateau de Cyril Hanouna ce lundi 26 février, Nadine Morano, conseillère de Laurent Wauquiez à LR, a brandi une expression de l'extrême droite xénophobe, qu'affectionnent aussi les Le Pen.

Nadine Morano puise une nouvelle fois dans le champ lexical de l'extrême droite. Dénonçant des propos tenus par l'activiste Rokhaya Diallo sur le plateau de Cyril Hanouna ce lundi 26 février, l'eurodéputée nommée fin janvier conseillère de Laurent Wauquiez à la tête du parti Les Républicains (LR) a qualifiée celle-ci de "Française de papier".

Nadine Morano réagissait à une séquence mettant face à face, dans Touche pas à mon poste (TPMP) sur C8, la chroniqueuse à Bernard de la Villardière, présentateur sur M6 du magazine Enquête exclusive. "J'aime pas du tout ce que vous faites", commence Rokhaya Diallo, avant de lui reprocher une "fausse neutralité" et ses positions sur le foulard islamique. "C'est pas un foulard comme un autre, c'est un hijab, qui recouvre non seulement les cheveux mais aussi le cou et les oreilles, c'est une doctrine que je dénonce et j'ai le droit de considérer qu'une femme qui porte le hijab, c'est une régression", se défend le journaliste. Fidèle à sa propre vision idéologique, la militante n'en démord pas, refusant que quiconque porte un jugement sur le hijab : "Je ne suis pas d'accord avec vous, ce n'est pas à vous de dire comment les femmes doivent s'habiller".

Marion Maréchal-Le Pen l'avait utilisée après l'attentat de Nice

Réagissant plus tard dans la soirée, Nadine Morano pointe sur Twitter "l’intolérance, l’arrogance, la suffisance de la militante Rokhaya Diallo", ajoutant que celle-ci "combat la culture, les racines de la France et fait la propagande scandaleuse de la régression de la femme avec le hijab". Et de conclure son tweet ainsi : "Française de papier".

On ne sait trop à quoi fait ainsi allusion la conseillère de Laurent Wauquiez, Rokhaya Diallo étant née dans le 4ème arrondissement de Paris. En revanche, la référence est transparente : l'expression est directement tirée du dictionnaire de l'extrême droite la plus xénophobe, l'Action française en particulier, qui dans l'entre-deux-guerres qualifiait ainsi les citoyens d'origine étrangère naturalisés. Cohérent, quand on estime comme l'eurodéputée l'avait fait en 2015 sur le plateau d'On n'est pas couché, que "nous sommes un pays de race blanche"...

La dernière fois que l'expression "Français de papier" avait resurgi dans le débat public en France, c'est quand Marion Maréchal-Le Pen, alors députée FN du Vaucluse, avait dans une vidéo publiée sur Facebook deux jours après l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice, déclaré que "dorénavant, les conditions d'acquisition de la nationalité doivent être intégralement revues pour éviter la fabrication de Français de papier, en supprimant le regroupement familial et évidemment le droit du sol". Un héritage de son grand-père Jean-Marie Le Pen, qui avait l'habitude d'employer l'expression à l'endroit des Français d'origine étrangère. Décidément, les droites LR et FN n'ont jamais parues si réconciliables.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne