Au sujet de la campagne de harcèlement contre Caroline De Haas

Au sujet de la campagne de harcèlement contre Caroline De Haas
Caroline de Haas, en mars 2017 à Paris. (JOLY LEWIS/SIPA)

Les propos tenus par Caroline De Haas dans "l'Obs" lui ont valu d'être la cible d'une campagne de harcèlement sur les réseaux sociaux, que "l'Obs" regrette et condamne.

Par Le Nouvel Obs
· Publié le · Mis à jour le
Temps de lecture

Nous avons publié, le mercredi 14 février, une interview de Caroline De Haas qui vaut aujourd’hui à la cofondatrice d'Osez le féminisme d’être violemment prise à partie sur les réseaux sociaux, et à "l’Obs" d’être tenu pour responsable de ce lynchage.

Une phrase tirée de l’interview donnée à "l’Obs" par Caroline De Haas sert de prétexte à cette campagne haineuse. Au cours de l’entretien, la militante féministe évalue, à partir du nombre de femmes victimes de violences sexuelles, le nombre d’hommes agresseurs.

La suite après la publicité

"Aujourd’hui, il est admis qu’une femme sur deux a été victime de viol, d’agression ou de harcèlement. En revanche, ce qui n’imprime pas, c’est la conclusion qu’il faut en tirer. A savoir qu’un homme sur deux ou sur trois est un agresseur", affirme la militante féministe. Une déclaration utilisée pour titrer l’article : "Un homme sur deux ou trois est un agresseur".

Caroline De Haas : "Un homme sur deux ou trois est un agresseur"

Après avoir admis qu’elle avait bien tenu ces propos, Caroline De Haas semble aujourd’hui contester leur authenticité. Dans une note de blog publiée par Mediapart, elle affirme :

"Le journaliste a décidé, sans me faire relire ou valider mes propos, de titrer 'Un homme sur deux ou trois est agresseur', déclenchant ainsi une vague de haine et de harcèlement sur les réseaux sociaux. Etait-ce volontaire ou pas ? Je n'en sais rien. Au fond de moi, je ne peux m'empêcher de penser qu'un journal qui choisit de titrer ces propos le fait délibérément. Pour faire le buzz."

"L’Obs" ne saurait ainsi voir contester son honnêteté journalistique sans rétablir les faits. Le samedi 10 février, Caroline De Haas s’est entretenue à bâtons rompus avec Matthieu Aron, le directeur adjoint de notre rédaction et auteur de l'interview, pendant une cinquantaine de minutes. A propos du décompte des agressions sexuelles, elle a originellement déclaré :

La suite après la publicité
"S'il y a une femme sur deux qui est victime de violences sexuelles en France, j'en sais rien, c'est peut-être... pas un sur deux parce qu'il y a peut-être des mecs qui violent plusieurs meufs, mais c'est au moins un sur trois, c'est énorme, c'est énorme. Et en fait c'est trop dur à admettre, ça."

Enregistrés, comme le reste de l’entretien, ces propos ont été retranscrits, puis mis en forme pour en assurer leur lisibilité. Elle n’a pas demandé à les relire.

A l’évidence, la déclaration brute de Caroline De Haas, telle qu’elle ressort de notre enregistrement, démontre que son message n’a nullement été dénaturé dans la version écrite publiée.

Le point de vue de la cofondatrice d'Osez le féminisme a été présenté dans le cadre d’un dossier de couverture intitulé "Faut-il tout balancer ?" consacré aux dangers du tribunal médiatique, où nous évoquions aussi bien l’affaire Mennel que les cas des ministres Gérard Darmanin et Nicolas Hulot.

Cet ensemble n’était certainement pas destiné à "faire le buzz" et à alimenter un lynchage anonyme mais bien au contraire à dénoncer les menaces que la révolution numérique et la tyrannie du soupçon font peser sur nos libertés.

"L’Obs" tient à insister sur le fait qu’en aucun cas les propos de Caroline De Haas parus dans ses pages ne sauraient justifier le déferlement de violence sexiste dont elle a été victime, des attaques que nous condamnons et que nous regrettons. L’engagement de cette militante, que l'on partage ou non ses positions, est à bien des égards nécessaire pour faire progresser la cause des femmes et faire cesser le harcèlement et les violences dont elles sont victimes.

Le Nouvel Obs
Les plus lus
A lire ensuite
En kiosque