Parité : chez L'Oréal, les femmes valent (parfois) mieux que les hommes

«L'Angle éco» se penche ce jeudi à 20h55 (France 2), sur «la guerre des sexes» en économie, en partenariat avec «le Parisien» - «Aujourd'hui en France» et RTL. Reportage à L'Oréal, qui se veut un modèle de parité.

L’Oréal, Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine), lundi. Pauline, 31 ans, travaille au service responsabilité sociale de l’entreprise.
L’Oréal, Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine), lundi. Pauline, 31 ans, travaille au service responsabilité sociale de l’entreprise. LP/JEAN NICHOLAS GUILLO

    En gros plan, tube de mascara à la main, souriantes, en train de se coiffer... au siège de L'Oréal, à Clichy (Hauts-de-Seine), les femmes sont partout. En photos sur les murs, dans les bureaux (au total, près de 60% des 1800 salariés du groupe sont des salariées). Et jusqu'au sein du conseil d'administration et du comité exécutif, qui comptent respectivement 46% et 33% de femmes. A tel point qu'en 2017 le géant français a été classé premier au palmarès Equileap * qui compare l' égalité homme-femme dans plus de 3000 entreprises parmi les plus importantes de la planète.

    « Ici, la parité, l'égalité salariale, la maternité, ce ne sont pas des sujets ! » s'étonnerait presque Pauline. A 31 ans, cette responsable au sein du service RSE (responsabilité sociale de l'entreprise) de L'Oréal est aussi une jeune maman. L'écouter ferait se pâmer d'envie de nombreuses femmes cadres.

    LIRE AUSSI > Les syndicats réclament un vrai plan Egalité

    « A 27 ans, on m'a proposé de devenir manageuse », explique-t-elle. Quand elle est tombée enceinte, a-t-elle eu peur pour sa carrière ? « Au contraire ! rétorque la jeune femme. J'étais persuadée, vu le fonctionnement de l'entreprise, que mon salaire augmenterait à mon retour de congé maternité. » En huit ans, de fait, il a presque doublé, passant de 3 000 euros à 5 600 euros brut mensuels.

    « Je chambre mon mari, manageur chez L'Oréal lui aussi. Je lui dis qu'il est en minorité. A poste égal, il gagne moins que moi ! » confie-elle. Alors L'Oréal, entreprise modèle de la parité ? La réalité est plus complexe, nuance Dominique Meurs, professeur à l'université de Paris-Ouest-Nanterre et chercheuse à l'Ined (Institut national d'études démographiques), qui travaille sur « le cas L'Oréal » depuis des années. « Depuis deux ans, les employées et les ouvrières ont le même salaire que leurs collègues masculins. Mais, dès qu'on monte dans la hiérarchie, l'effet plafond de verre joue encore », expose la chercheuse.

    Des avantages pour les parents

    Pour résorber l'écart salarial, l'entreprise a ouvert deux chantiers : celui des systèmes de promotion et celui des parcours professionnels au retour du congé maternité. La volonté du groupe est bien réelle. « Chez nous, ce n'est ni un effet de mode ni un hashtag », affirme Jean-Claude Le Grand, directeur de la diversité au sein du groupe. De fait, en 2008, le groupe a mis en place une « charte de la parentalité » pour favoriser l'équilibre vie privée et vie professionnelle. Aucune réunion n'est organisée après 18 heures.«

    Cerise sur le gâteau, depuis les années 1970, le groupe ajoute le mois Schueller, du nom du fondateur de L'Oréal, au congé maternité légal. « Un avantage notable, reconnaît Aurélie**, ancienne manageuse et mère de trois enfants. Mais il ne faut pas se leurrer. Quand on a un poste à responsabilité, il reste de bon ton de faire du zèle et des heures sup comme tout le monde », confie cette jeune femme qui a choisi de quitter le navire. « Ne soyons pas naïfs, ajoute cette autre salariée. L'entreprise donne beaucoup mais demande également beaucoup. »

    * En 2017, Equileap, organisation à but non lucratif, a publié le premier classement intersectoriel montrant comment les grandes entreprises mondiales se comportent en matière d'égalité.

    ** Le prénom a été changé.