L'« Arche de Noé végétale » franchit le million de variétés
Située dans l'océan Arctique, cette réserve mondiale de graines gérée par la Norvège a été conçue pour conserver les semences de la planète.
Par Leïla Marchand
Pour son dixième anniversaire, la Réserve mondiale de semences a franchi un cap symbolique : plus d'un million d'échantillons de graines sont désormais stockés dans cette chambre forte souterraine située sur l'archipel norvégien du Svalbard.
« Arche de Noé végétale », elle vise à protéger des conflits et des catastrophes naturelles la diversité génétique des cultures vivrières du monde entier.
« Un peu plus de 76.000 nouveaux échantillons de semences ont été apportés » dans l'entrepôt, a annoncé le gouvernement norvégien, en charge du site. Le ministre norvégien de l'Agriculture Jon Georg Dale s'est rendu sur place pour l'occasion, accompagné des représentants de 23 banques de gènes.
Oslo a également annoncé le déblocage de 100 millions de couronnes (environ 10 millions d'euros) en 2018 pour réaliser des travaux, comme la construction d'un nouveau tunnel d'accès en béton et d'un bâtiment de service pour y loger les équipements émettant de la chaleur.
1.059.646 variétés
Avec ce nouvel arrivage, la « chambre forte du Jugement dernier » - comme on la surnomme parfois - a donc reçu en dix ans 1.059.646 variétés de cultures.
Conservés dans des emballages sous vide sur des étagères, ces échantillons, comprennent les principales espèces alimentaires de la planète comme le maïs, le riz, le blé, le niébé, l'aubergine, la laitue, l'orge et la pomme de terre.
L'entrepôt, enfoui à plus de 120 mètres à l'intérieur d'une montagne, est la propriété de la Norvège mais les graines appartiennent aux Etats et institutions dépositaires, lesquels peuvent les récupérer à leur convenance.
Une seule institution a jusqu'ici sollicité la Réserve : le Centre international de recherche agricole dans les zones arides (Icarda) a demandé à récupérer des graines en 2015, après que la banque de gènes de la ville d'Alep a été endommagée durant le conflit syrien.
Pas à l'abri du réchauffement climatique
Comparée aux 1.700 banques de gènes existant dans le monde, la Réserve mondiale de semences est la plus variée et est censée pouvoir fonctionner plusieurs centaines d'années, même sans l'aide de l'homme. Son lieu d'implantation, dans l'océan arctique, la met à l'abri de l'humidité, des fortes chaleurs et de toute activité tectonique.
L'accélération du réchauffement climatique a malgré tout pris les gestionnaires du site par surprise il y a un an. Une hausse de température exceptionnelle avait fait fondre le pergélisol entourant l'entrepôt et de l'eau s'était infiltrée dans l'entrée du tunnel. Heureusement, aucune graine du « grenier du monde » n'avait été endommagée.
Leïla Marchand