Castorama : les salariés français vont-ils devoir former leurs remplaçants polonais ?

Kingfishera confirmé la délocalisation de la partie comptable de son activité en Pologne. Mais dément avoir demandé aux futurs licenciés de former leurs successeurs.

 La direction, selon les syndicats, aurait demandé aux salariés français dont les postes sont supprimés de former leurs remplaçants polonais. La direction dément.
La direction, selon les syndicats, aurait demandé aux salariés français dont les postes sont supprimés de former leurs remplaçants polonais. La direction dément. F.D.

    La direction évoque une « maladresse » mais les syndicats sont vent debout. Alors que le groupe britannique d'enseignes de bricolage Kingfisher a confirmé mercredi la délocalisation en Pologne de la partie comptable de son activité et la suppression de 446 emplois administratifs en France chez Castorama et Brico Dépôt, un document interne lié à cette restructuration a suscité l'émoi chez les salariés ce jeudi. Dans cette note, dont l'AFP a obtenu une capture d'écran, la direction envisage ainsi d'inviter les équipes polonaises à venir « travailler aux côtés des équipes comptables de Castorama France à Templemars (Nord) pour se former aux procédures et modes opératoires ». Ce qui revient donc à demander aux salariés français de former... leurs remplaçants.

    « On prévoit que les salariés polonais viennent suivre des stages en France pour savoir et s'adapter à la comptabilité française, donc ils seraient formés par ceux qui sont licenciés et qui perdent leur emploi par rapport à cette délocalisation », s'insurge Jean-Paul Gathier, le délégué FO sur France Info. « C'est le capitalisme poussé à son cynisme extrême », ajoute-t-il, estimant cette décision « inconcevable » et « cynique ».

    « Cette polémique est totalement infondée », a réagi ce jeudi Olivier Lurson, DRH de ‎Castorama France (Kingfisher Group) : « Les collaborateurs du centre de services partagés devront en effet être formés aux spécificités comptables françaises mais aucun des collaborateurs concernés par une suppression de poste ne sera chargé d'assurer ces formations. » Une mise au point qui a le mérite d'être claire mais qui ne dissipe pas le flou sur les intentions initiales du groupe, qui a regretté une « maladresse de formulation » : « Je pense qu'ils avaient l'intention de le faire à la base mais ont reculé devant nos réactions », estime Jean-Paul Gathier.

    Bataille sur le reclassement

    Castorama et Brico Dépôt, qui totalisent 221 magasins en France, connaissent depuis plusieurs mois des difficultés en France, étant largement distancés par Leroy Merlin. Dès le mois de novembre, Kingfisher avait annoncé le regroupement en Pologne, à Cracovie, de ses services comptables et de gestion. « La mise en œuvre de ce projet entraînerait en France la suppression de 409 postes, la création de 102 postes et le transfert de 164 postes à conditions d'emplois équivalentes », selon le groupe.

    Mais pour les syndicats, les propositions de reclassement ne sont pas acceptables. « Elles le sont dans des métiers différents : on supprime des comptables, des analystes, des assistantes de ressources humaines et on leur propose d'aller en magasin, dans la vente, à la caisse », explique un syndicaliste. La CGT, pour sa part, estime que les indemnités de départ proposées par la direction sont insuffisantes.

    Selon Olivier Lurson , « chacun des collaborateurs concernés par la réorganisation se verra proposer une solution de reclassement » et une « solution personnalisée correspondant à ses attentes » sera envisagée avec chacun. En attendant, les salariés de Castorama promettent de nouvelles manifestations dans les prochains jours.