Sexe , bébé et économie : les femmes enceintes pourraient-elles prévoir les récessions ?

Le taux de grossesse pourrait-il prédire les recessions futures ?  ©AFP - IAN HOOTON / SCIENCE PHOTO LIBRARY
Le taux de grossesse pourrait-il prédire les recessions futures ? ©AFP - IAN HOOTON / SCIENCE PHOTO LIBRARY
Le taux de grossesse pourrait-il prédire les recessions futures ? ©AFP - IAN HOOTON / SCIENCE PHOTO LIBRARY
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Le taux de grossesse pourrait prédire les récessions futures, suggèrent des chercheurs américains. Une étude du Bureau National de Recherche Économique fait le lien entre taux de fécondité et crise économique. Des recherches aux résultats surprenants.

Lorsque l'économie se détériore, le taux de natalité diminue , ce que l'on  savait déjà mais une équipe d'économistes, examinant de plus près le lien entre la fécondité et les récessions, a constaté que les taux de conception commençaient à baisser avant que l'économie ne commence son ralentissement - et pouvaient même être utilisés pour prédire les récessions.  Le document de travail a été publié par le Bureau National de la Recherche Économique, en début de semaine et  contrairement aux chercheurs précédents, les économistes se sont concentrés sur les conceptions plutôt que sur les naissances, par mois plutôt que par année. Les résultats ont été véritablement surprenants  "Nous n'avons pas cherché ce modèle", explique Kasey Buckles, professeur agrégé à l'Université de Notre Dame, chercheur associé au bureau national de recherche économique et l'un des auteurs de l'étude. "C'est quelque chose qui a nous sauté aux yeux"    Si l'on prend la grande récession. Le taux de natalité des États-Unis, en hausse avant la récession, a chuté en 2008, comme on pouvait s'y attendre mais si l'on regarde le taux de conception on observe qu'il a commencé à diminué - à la mi-2007 !!   La crise des subprimes nuisait au marché du logement, mais l'effet plus large sur l'économie n'était pas encore apparent. Les cours des actions ont continué d'atteindre des sommets historiques. Le chômage était inférieur à 5%. Les analystes étaient confiants, optimistes. En juillet, l'économiste en chef de Standard & Poor's déclarait que «le reste de l'économie jusqu'à présent avait très bien ignoré la crise du logement». 

Faux : le taux de conception américain avait déjà commencé à baisser et c'était des mois avant que la récession ne commence, comme l'a calculé le bureau de recherche, et plus d'un an avant que l'effondrement de Lehman Brothers ait déclenché une panique générale.   "Bien que le meilleur des experts n'ait pas vu la Grande Récession arriver, il semble que les familles et les ménages ressentaient ces secousses et y réagissaient." assure le chercheur.

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Les femmes auraient- elles des dons surnaturels ? 

Le sixième sens féminin ? Les chercheurs suggèrent que les mêmes facteurs qui provoquent une récession ont également un «effet profond et rapide sur les décisions de fertilité». Car ils ont constaté que le changement dans le taux de natalité est bien provoqué par une baisse de fertilité et non une augmentation de l'avortement ou de fausse couches et la tendance s'est maintenue non seulement pour la Grande Récession de 2007/2008, mais aussi pour les récessions de 1990 et 2001, où elles n'ont pas été précédées par une baisse des prix du logement.

La recherche suggère que la conception suivie en temps réel pourrait être très utile pour prévoir les événements économiques futurs. Mais il n'est pas facile de suivre les conceptions directement , à moins de récolter toutes les informations concernant les comportements des femmes en âge de procréer comme l'achat de tests de grossesses ou de calculateur de période de fertilité , ce qui reste assez irréalisable. Mais ce qui est intéressant de retenir également dans cette étude , c'est malgré le rebond de l’économie depuis la grande récession , depuis 2007 / 2008 , malgré la baisse du chômage, le taux de natalité n'a pas repris ces dix dernières années. Peut être les femmes américaines sentiraient elles la nouvelle crise financière arriver ?

Des indices économiques sérieux ?

Ce nouvel indice s'avère fiable mais difficile à calculer. Il y avait eu dans les années 2000 "l'indice Rouge à lèvre".  Le concept inventé et défendu par Leonard Lauder, président du conseil d'administration de la firme Estée Lauder, avait établit une corrélation inverse entre les ventes de rouge à lèvres et le niveau d'activité économique. Lauder avait constaté une hausse des ventes au début des années 2000, en pleine période de récession, et pensait donc que les ventes de rouge à lèvres pourraient constituer un indicateur économique.  Les femmes remplaçant des achats plus coûteux par des achats de rouge à lèvres.  La récession de 2008 avait remis en cause cette idée. Mais aujourd'hui, la science estime que l'indice rouge à lèvres pourrait bien être juste.  Plusieurs psychologues dans la revue Scientific American  ont en effet étudié l'indice rouge à lèvres, et leurs recherches ont prouvé que non seulement, il était bien réel, mais qu'en plus, il était profondément enraciné dans la psychologie d'accouplement des femmes.  Pendant les "périodes de pénurie", les femmes perçoivent une baisse d'hommes de qualité. Ils expliquent que les périodes de crise donnent l'impression aux femmes que les hommes financièrement stables sont rares.   

Le Financial Times écrit que les économistes ont proposé d'autres «indicateurs inhabituels» de la santé économique. L'ex-président de la  Fed Alan Greenspan lorsqu'il dirigeait le Council of Economic  Advisers, chargé de conseiller le président Nixon surveillait les ventes de sous vêtements masculins. L'idée est que les  hommes, contrairement aux femmes, estiment que les achats de  sous-vêtements constituent une dépense secondaire, que l'on peut ainsi  reporter en période de crise en gardant ses vieux slips. 

Quant à Georges Taylor , il  considérait en 1926 que plus les jupes étaient longues plus la croissance ralentissait.

Cependant l'effet sur la fertilité a des implications réelles bien au-delà de ses capacités prédictives.  La baisse du taux de fécondité semble être «assez persistante», notent les chercheurs, suggérant «un canal sans doute sous-estimé par lequel l'impact d'une récession peut persister, peut-être pendant des générations». 

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