Laïcité: un village doit vendre sa statue du pape

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FranceLaïcité: un village doit vendre sa statue du pape

Loi de séparation des Églises et de l'État oblige, une statue de Jean-Paul II installée sur un parking public a dû être vendue.

Une fois vendue, la statue de Jean-Paul II devrait être déplacée de quelques dizaines de mètres, vers un terrain adjacent à un collège privé catholique, où elle restera visible à partir de l'espace public. (Jeudi 1er mars 2018)

Une fois vendue, la statue de Jean-Paul II devrait être déplacée de quelques dizaines de mètres, vers un terrain adjacent à un collège privé catholique, où elle restera visible à partir de l'espace public. (Jeudi 1er mars 2018)

AFP

La justice française voulait la faire enlever, la Pologne voulait la «sauver de la censure». C'est finalement l'Église catholique qui va acheter pour 20'000 euros à Ploërmel (ouest) une statue de Jean Paul II. Elle sera ensuite déplacée pour se plier à la loi française de séparation des Églises et de l'État.

Le conseil municipal de cette ville de 9000 habitants située en Bretagne a approuvé jeudi soir à l'unanimité, moins trois abstentions, la cession de ce monument en bronze de 7,50 mètres de haut, installé sur un parking public depuis plus de douze ans.

C'est le diocèse de Vannes (Bretagne) qui deviendra propriétaire de ce monument, offert en 2006 à la ville de Ploërmel par l'artiste russe Zourab Tsereteli. Le prix de son acquisition a été fixé à 20'000 euros «d'un commun accord», a fait savoir l'assemblée locale.

Une fois vendue, la statue devrait être déplacée de quelques dizaines de mètres, aux frais de l'Église, vers le terrain adjacent du collège privé catholique du Sacré-Coeur, où elle restera visible à partir de l'espace public. «Elle va faire un saut de puce», a résumé à l'AFP Patrick Le Diffon, le maire de Ploërmel. «Cela ne devrait pas prendre des délais considérables», a-t-il ajouté.

Plusieurs habitants avaient saisi le Conseil d'Etat, la plus haute juridiction administrative française, invoquant la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat qui interdit «d'élever ou d'apposer aucun signe ou emblème religieux» dans un «emplacement public». En octobre dernier, ils obtenaient gain de cause et le Conseil d'Etat ordonnait le retrait de la croix dans les six mois.

Diktat du politiquement correct

Cette décision de justice visant une statue du pape polonais Karol Wojtyla avait ému de nombreux catholiques et suscité de vives réactions en Pologne, où la laïcité à la française est souvent mal comprise.

Fin octobre, la Première ministre conservatrice polonaise Beata Szydlo avait ainsi proposé de transférer la statue en Pologne afin de la «sauver de la censure». Elle avait au passage dénoncé «le diktat du politiquement correct» et «de la laïcisation de l'État». Localement, le monument avait été contesté avant même son édification en 2006. Son déplacement vers un terrain privé recueille aujourd'hui l'assentiment des principaux protagonistes de l'affaire.

«C'est ce qui aurait dû être fait dès le départ», a ainsi estimé André Le Béhérec, le président de la fédération morbihannaise de la Libre Pensée, l'association bretonne à l'origine des recours administratifs.

Même l'ancien maire Paul Anselin, qui avait fait édifier la statue, avait annoncé qu'il voterait en faveur de la délibération. «Il faut sortir de cette situation !», avait lancé cet ancien colonel âgé de 87 ans, aujourd'hui conseiller municipal de l'opposition. L'élu a cependant regretté que la mairie cède la statue pour 20'000 euros. «Ça ne se fait pas de vendre un cadeau ! C'est minable», s'est-il exclamé. (nxp/afp)

(NewsXpress)

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