Un passionné de coquillages a trouvé, au cours d'une pêche à la palourde sur les bords de l'Aber-Benoît, dans le Nord-Finistère, un coquillage peu habituel sur nos côtes. Le bivalve est un spécimen d'Arctica Islandica mesurant 9,4 cm. L'espèce a la réputation de fournir les plus vieux organismes non coloniaux connus sur terre.
Ce genre de coquillage passionne les scientifiques. Pas tant pour leur taille, leur forme ou leur couleur. S'il n'est pas bien spectaculaire, il conserve des éléments condensés sur plusieurs siècles. Et la longévité de son organisme interpelle.
Arctica Islandica est habitué aux eaux froides et profondes du nord Atlantique (entre 40 et 400 m) mais on en trouve jusqu'en Manche. Celui qui a découvert ce coquillage mourant sur l'estran l'a confié aux spécialistes de l'Université de Bretagne occidentale (Laurent Chauvaud et Pierre Poitevin) chargés de l'authentifier et de tenter d'évaluer sa longévité.
« D'après mes estimations, ce coquillage pourrait approcher les 580 ans, ce qui en ferait l'un des plus vieux spécimens jamais découverts », estime Alain Lecompte, résidant à Guissény. Mais la datation scientifique n'a pas encore eu lieu et la taille des individus n'est pas proportionnellement corrélée à l'âge. En 2007, une équipe de scientifiques s'est passionnée pour un de ces coquillages pêchés au large de l'Islande. Une première fois estimé à 400 ans, son âge a été porté à 507 années.
Ce coquillage a été surnommé « Ming », d'après la dynastie chinoise qui régnait à sa naissance ! À noter que la durée de vie des autres espèces de coquillages (palourdes, praires, vernis...) oscille entre dix et vingt ans.
Combien de temps peut vivre Arctica Islandica au fond de l'eau ? Aucun scientifique n'a pour l'instant la réponse. Ni précisément comment ce coquillage des mers froides a terminé sa course, si loin au sud, sur l'estran breton. « Il a dû être dragué en Manche, le long de la côte nord de la Bretagne et retomber accidentellement à cet endroit où il n'a pas survécu dans très peu d'eau », avance Alain Lecompte, ce passionné de coquillages et de plongée, qui espère retrouver en entier son Arctica Islandica, autrement dénommé Quahog nordique, praire d'Islande, clam d'Islande ou encore Cyprine. Mais les scientifiques vont devoir le découper afin de le dater plus précisément. L'opération prend un certain temps. Et le coquillage découvert à Landéda n'est pas le seul sur la liste des scientifiques brestois...