Bure. Les opposants bravent l'interdiction de manifester

Les opposants au projet d'enfouissement des déchets nucléaires à Bure (Meuse) ont annoncé, vendredi, leur intention de passer outre l'interdiction de manifester, décrétée par la préfecture qui redoute, ce week-end, de nouveaux débordements.

L'évacuation manu militari du terrain de Bure, le 22 février, avait pris par surprise les opposants au projet de site d'enfouissement des déchets nucléaires.
L'évacuation manu militari du terrain de Bure, le 22 février, avait pris par surprise les opposants au projet de site d'enfouissement des déchets nucléaires. (Photo AFP)

Il y a une semaine, 500 gendarmes avaient évacué manu militari une quinzaine d'occupants du bois Lejuc, épicentre de la contestation, et des bulldozers avaient détruit bivouacs et barricades. Devant la perspective de nouveaux « troubles graves à l'ordre public », la préfète de la Meuse, Muriel Nguyen, a pris, jeudi soir, un arrêté interdisant « toute manifestation ». Selon elle, « plus de 700 opposants sont attendus », samedi et dimanche. « Un nombre important » d'entre eux présentent un « profil extrêmement inquiétant », a-t-elle ajouté, précisant que « cette manifestation n'a pas été déclarée » et que « le parcours autorisé proposé par l'État a été rejeté » par les militants. « Il existe un fort risque d'affrontements avec les forces de l'ordre stationnées aux abords du bois », étant donné « le caractère jusqu'au-boutiste de certains opposants » et « le mot d'ordre visant à réinvestir » la zone, a fait valoir la préfète.

« Arrêté liberticide »


« On est scandalisé. C'est un arrêté liberticide », a répliqué Juliette Geoffroy, porte-parole du Collectif contre l'enfouissement des déchets radioactifs (Cedra), ajoutant que l'appel au rassemblement lancé par les opposants était « maintenu ». Prévu de longue date, il doit être, selon eux, l'occasion d'une « rencontre inter-comités de soutien et de lutte ». La préfète a prévu, sans le détailler, un dispositif de maintien de l'ordre « évolutif » et « suffisant pour contenir un risque avéré de débordements et de violence ».

« Vigie »


Les adversaires du projet Cigéo ont prévu de construire, ce samedi, une « vigie aux abords du bois » pour surveiller les activités de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra). « Nous la construirons sur un terrain privé qu'on nous prête pour l'occasion », a précisé Juliette Geoffroy. Selon le programme du rassemblement sur internet, un « départ collectif vers la forêt » est aussi prévu dans l'après-midi. Les matinées du week-end seront consacrées à des tables rondes et des rencontres entre opposants. « Il y a une hypocrisie totale, car ils demandent plus de consultation et on nous empêche de nous réunir pour discuter », a protesté Sylvain, habitant de la commune.

Le 23 février, au lendemain de l'évacuation du site, les associations d'opposants, qui devaient rencontrer le secrétaire d'État à la Transition écologique, Sébastien Lecornu, avaient boycotté la réunion. Celui-ci garde cependant sa porte ouverte. « Je suis à la disposition de tous les opposants légaux pour améliorer sans cesse le projet et les outils de concertation associés », assure-t-il.

Demande d'autorisation prévue l'an prochain


Le site de Bure a été choisi, en 1998, pour accueillir un laboratoire souterrain qui doit préparer l'enfouissement, à 500 mètres sous terre, des déchets nucléaires les plus radioactifs ou à vie longue du parc français. Sur quelque 221 hectares, le bois Lejuc et ses abords ont été retenus par l'Andra pour l'installation des cheminées d'aération du laboratoire. L'Andra a prévu de réaliser des forages exploratoires dans la forêt afin de récolter des données avant de déposer une demande d'autorisation formelle de création du site, prévue pour 2019.

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Depuis le lancement du projet, les manifestations d'opposants se sont multipliées et des recours judiciaires ont été intentés pour empêcher le démarrage des travaux. En août, des affrontements avaient fait six blessés parmi les opposants et deux parmi les gendarmes.

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