Vignes. Les projets bretons mûrissent

Changement climatique et nouvelle réglementation pourraient faire renaître la production de vin en Bretagne. Viticulteurs et grandes maisons travaillent discrètement sur des projets de plantation de vignes.

La Grande-Bretagne compte, aujourd'hui, 130 vignerons. La petite Bretagne, plus au sud, reçoit, depuis peu, des visites de propriétaires de châteaux du Bordelais et de Bourgogne, alors que quelques vignes existent déjà, comme à Saint-Suliac (35), ci-dessus, où 1.200 pieds dominent la Rance.
La Grande-Bretagne compte, aujourd'hui, 130 vignerons. La petite Bretagne, plus au sud, reçoit, depuis peu, des visites de propriétaires de châteaux du Bordelais et de Bourgogne, alors que quelques vignes existent déjà, comme à Saint-Suliac (35), ci-dessus, où 1.200 pieds dominent la Rance. (Photo archives Le Télégramme)

De la vigne en Bretagne ? L'idée fait toujours sourire le plus grand nombre. Pourtant, les vingt-deux candidats, qui ont postulé auprès de la commune de Sarzeau (56) pour s'y installer comme vignerons, ne sont pas des illuminés. Assouplissement de la réglementation et changement climatique aidant, ils entendent bien vivre de leur future production. « Nous en avons sélectionné cinq et le choix sera effectué dans quelques semaines », explique David Lappartient, le maire (LR) de Sarzeau.

Celui-ci souhaite relancer la viticulture sur le territoire communal. Car la Bretagne a un passé viticole, la présence de vigne y étant attestée au moins depuis le Moyen-Âge. À Sarzeau, elle a occupé « plus d'un millier d'hectares » précise le maire. On y distillait, en particulier, la « Fine de Rhuys » et la dernière déclaration de vendanges remonte à 1993. Pour renouer avec son histoire, la commune va mettre à disposition de l'heureux élu une dizaine d'hectares autrefois plantés en ceps. « L'objectif est de créer une activité professionnelle à part entière, avec l'ambition de faire un bon vin. On veut montrer que c'est possible », reprend David Lappartient, qui rappelle que le parcellaire de Sarzeau reste marqué par la vigne.

« Sous-sol exceptionnel » sur l'île de Groix


La plantation est envisagée d'ici 18 mois à deux ans. Au projet économique en biodynamie s'ajoute l'idée d'un atout touristique supplémentaire dans cette presqu'île très prisée, en bordure méridionale du golfe du Morbihan : « les vignes, c'est toujours quelque chose qui attire, ça crée de beaux paysages. Et les gens seront heureux de goûter un vin du coin », argumente le maire de Sarzeau. L'élu est également président du Parc naturel régional du golfe du Morbihan (PNRGM), dont deux îles, Arz et Ilur, sont embarquées dans l'aventure viticole, la première pour un projet associatif et la seconde, pédagogique.

De fait, même s'ils sont encore timides, plusieurs autres projets professionnels sont sur les rails. Après avoir travaillé chez des vignerons en Bourgogne et en Suisse, Mathieu Le Saux est en cours d'installation sur l'île de Groix, face à Lorient, pour un projet de « viticulture insulaire ». À l'entendre, « le sous-sol de Groix est exceptionnel (...). On a cinq hectares et on compte planter la totalité en vigne avec l'espoir de premières vendanges d'ici cinq ans », assure le trentenaire.

Des propriétaires en visite


De grandes maisons réfléchissent aussi à la Bretagne. Un gros domaine viticole du sud-est de la France est venu en prospection à Belle-Ile-en-mer en vue d'y développer un vignoble, a-t-on appris auprès de la société concernée, qui veut rester discrète et n'entend pas « communiquer sur le sujet pour le moment ». David Lappartient confirme ce type de contacts sur le territoire du parc naturel : « On a reçu la visite de propriétaires de châteaux du Bordelais et de Bourgogne qui réfléchissent. La vigne est un bon indicateur de l'évolution du climat », souligne-t-il.

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Quand la maison Taittinger plante dans le Kent ou que les Barclay cultivent la vigne à Sercq, dans les îles anglo-normandes, avec l'espoir d'en servir la production dans leur cinq étoiles londonien, tous les espoirs semblent en effet permis aux vignobles bretons. Ce qui est certain, c'est que « le climat breton devrait devenir de plus en plus favorable à la vigne », considère Franck Baraer, climatologue à Météo France. « Le climat va continuer à se réchauffer et, à l'échéance de 50 ou 100 ans, le climat futur de Rennes pourrait être celui de Bordeaux, avec quelques degrés de plus qu'aujourd'hui ». Reste que « comparée aux régions continentales, la Bretagne n'est pas la région qui se réchauffe le plus en raison de la proximité de la mer » et de son pouvoir régulateur.

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