Parti socialiste : que sont devenus les frondeurs ?

A dix jours du premier vote au congrès du PS, plusieurs des députés qui avaient perturbé le quinquennat Hollande sont partis avec Benoît Hamon, mais d'autres ont encore leur carte.

Une partie des députés socialistes frondeurs ont rejoint Benoît Hamon, qui a lancé son propre mouvement politique.
Une partie des députés socialistes frondeurs ont rejoint Benoît Hamon, qui a lancé son propre mouvement politique. LP/Sarah ALCALAY

    L'histoire de ces députés socialistes aura marqué le quinquennat Hollande. Ces frondeurs étaient persuadés d'agir en vigie de la gauche face à un gouvernement qui reniait ses valeurs (contre le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi ou la loi Travail) mais ils ont été considérés comme des traîtres par leurs camarades qui estimaient qu'ils jouaient contre leur propre camp. Une motion de censure à l'encontre du gouvernement a bien failli passer.

    L'ère Hollande close, tous n'ont pas emprunté les mêmes chemins. A dix jours du premier vote du congrès du Parti socialiste, nous avons cherché, façon «Copains d'avant», à pister ces indisciplinés (dont le nombre a varié d'une dizaine à trente).

    La tentation Génération.s. Ils sont une petite escouade à avoir suivi Benoît Hamon, qui a lancé son mouvement l'été dernier : les anciens députés Barbara Romagnan, frondeuse historique, Pascal Cherki, Michel Pouzol ou encore Aurélie Filippetti. Tous ont aujourd'hui des responsabilités dans la coordination politique de Génération.s. Députée (suppléante de George Pau-Langevin) de 2012 à 2016, Fanélie Carrey-Conte a aussi rejoint Hamon. « J'ai passé tout l'été à réfléchir avant de partir du PS, raconte Pascal Cherki. Malheureusement, en regardant ce qui s'y passe, chaque jour je me dis que j'ai eu raison. » Pour lui, les ex-frondeurs restés au PS « ont fait un choix par défaut ».

    Toujours au PS, en ordre dispersé. Le Parti socialiste, ils sont encore nombreux à vouloir y croire. En vue du congrès, on retrouve ces anciens frondeurs derrière les candidatures d'Emmanuel Maurel — sur la même ligne que la fronde pendant le quinquennat, mais au Parlement européen — et Luc Carvounas. « Je continue ici par esprit de responsabilité, il y aura toujours besoin d'une gauche de gouvernement », fait valoir Laurent Baumel, engagé derrière Maurel. « On veut que le PS reste combatif à gauche, pour ça, il faut refonder son corpus d'idées », explique Mathieu Hanotin, proche de Benoît Hamon mais qui, comme Régis Juanico (toujours député), a encore sa carte. Ces deux-là, comme Alexis Bachelay et Yann Galut, soutiennent Luc Carvounas, qu'ils estiment le mieux placé pour « rassembler » au PS. Jérôme Guedj, lui, se tient loin du congrès. Il regrette « les sorties affligeantes » des candidats les uns contre les autres, mais votera Maurel « par amitié ».

    Partis... ou pas très loin. L'ancien élu des Français de l'étranger, Pouria Amirshahi, a, lui, rendu sa carte et va prendre des responsabilités à la direction de l'hebdomadaire « Politis ». Quant à Christian Paul, ex-chef de file des frondeurs, il a pris ses distances, même s'il reste encarté et votera Maurel au congrès. Lui a lancé récemment son « laboratoire d'idées », intitulé Monde commun pour « réinventer la gauche et irriguer ses programmes » au-delà des partis.

    Les ex-frondeurs jurent tous main sur la rose qu'ils veulent la réussite du congrès, que le vainqueur « rassemble », que le PS « renaisse ». Et si Olivier Faure, le favori, l'emporte ? Il faudra voir en pratique. Si c'est Stéphane Le Foll ? Ça pourrait sentir la poudre... d'escampette.