"Nous serons aussi stupides" que les États-Unis. Ceci est une promesse de Jean-Claude Juncker, patron de la Commission européenne. Lors d’une prise de parole à Hambourg, vendredi, le chef de l’exécutif européen a martelé : "l’Europe doit se défendre et elle va se défendre". Car, à Bruxelles, on a guère apprécié les annonces tonitruantes du président américain selon lesquelles Washington allait "dès la semaine prochaine" imposer des droits de douanes de 25 % concernant l’importation de l’acier, et de 10 % concernant l’aluminium.

L’Europe prépare donc sa réponse, affirme le Monde samedi. Dans un premier temps, elle devrait arrêter des mesures de rétorsion, autorisées par l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) dans le cas de conflit ouvert entre deux pays ou groupes de pays. Des fonctionnaires européens ont ainsi dressé une liste de produits, la plupart agricoles, en provenance des États-Unis et qui pourraient se voir appliqués de lourdes taxes en franchissant les frontières européennes.

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Frapper les produits Harley-Davidson et Levi's

Cette liste doit être validée le 7 mars par les commissaires européens. Selon les précisions du quotidien, elle affecterait quelque 3,5 milliards de dollars d’exportations américaines vers l’Union. Et la facture pourrait s’alourdir. Le Monde rappelle que selon les règles de l’OMC, un état s’estimant lésé peut imposer des mesures punitives sur un volume équivalent à celui des exportations pénalisées. Dans le cas de l’Union européenne, on parle donc d’un volume maximal d’exportations vers les États-Unis de cinq milliards d’euros pour l’acier, et d’un milliard d’euros pour l’aluminium.

"Nous allons mettre en place des contre-mesures concernant les droits d’importation de produits américains, notamment Harley-Davidson, le bourbon et les jeans Levi’s", a tonné Jean-Claude Juncker vendredi devant la presse allemande. L’Union européenne espère toutefois qu’elle n’aura pas à mettre sa menace à exécution et que Donald Trump reculera. Car la liste punitive de Bruxelles pourrait ne pas être tout de suite applicable, l’Union souhaitant respecter à la lettre les règles de l’OMC. Celles-ci stipulent que le groupe lésé doit présenter une demande officielle devant l’Organisation, et cela prend du temps.

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L’Union européenne pourrait aussi, rapporte le Monde, contester officiellement devant l’OMC l’argument de "sécurité nationale" américain dans le but de faire condamner les États-Unis. Toutefois, la procédure est là encore une procédure de long terme et doit être menée en concertation avec plusieurs pays tiers.