En Gironde, les parents d’élèves ne veulent plus de récrés à la sauce pesticides

Des parents d’élèves et associations écologistes de Gironde réclament une zone de protection de 200 mètres sans produits chimiques autour des écoles cernées par les vignobles.

 Les parents souhaitent des zones tampons entre les vignobles traités aux pesticides et les écoles en Gironde.
Les parents souhaitent des zones tampons entre les vignobles traités aux pesticides et les écoles en Gironde. LP/PATRICK BERNARD

    Sur la place du marché de Blaye (Gironde) ce mercredi midi, des parents d'élèves, des associations anti-pesticides et des salariés agricoles se retrouveront autour d'un apéritif bio. Ils n'ont pas trouvé meilleur symbole pour réclamer au préfet du département de mieux protéger les cours d'écoles des pulvérisations d'insecticides et autres herbicides.

    Dans un courrier envoyé au représentant de l'Etat et fort d'une pétition signée par 200 000 personnes, ils lui demandent d'instaurer en urgence une zone de protection de 200 mètres où seuls des produits bio seraient autorisés autour des établissements cernés par des parcelles de vignes.

    « Nous sommes dans le plus grand département viticole de France et 128 écoles sont enclavées dans les vignobles, souligne Valérie Murat, de l'association Alerte aux Toxiques. L'inquiétude des parents grandit car les traitements de printemps débutent en avril et les enfants vont de nouveau être exposés à des cocktails de substances chimiques nocifs pour leur santé et leur développement ».

    Des zones tampons autour des écoles

    Papa de deux enfants scolarisés à Listrac, Maxime s'inquiète surtout de l'impact sur le développement des écoliers des substances classés cancérigènes et mutagènes. Mais dans sa commune, une charte a été signée avec le propriétaire des vignes voisines de l'établissement. « Il s'est engagé à les traiter en bio et en dehors de la présence des enfants », explique Maxime.

    Dans le département, les vignerons affirment de leur côté avoir multiplié les mesures préventives. « Pour éviter les dérives de produits, il est interdit de pulvériser les vignes au-delà de 19 km/h de vent et nous demandons aux professionnels de traiter les parcelles situées près d'un établissement avec les produits les moins nocifs possible et en priorité le week-end quand les enfants ne sont pas en cours », explique le porte-parole du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) Christophe Château. Le CIVB milite par ailleurs auprès de ses adhérents pour l'installation de filets anti-dérive et la plantation de haies protectrices.

    « Des mesures cosmétiques » tacle Valérie Murat. Les associations pointent surtout l'inefficacité de l'arrêté préfectoral pris en 2016 et censé réglementer les épandages à proximité des sites sensibles. Il prévoit notamment une suspension des pulvérisations vingt minutes avant l'entrée ou après la sortie des classes et pendant les récréations.

    « Mais cela ne garantit absolument pas que le nuage de microgouttelettes en suspension au-dessus des vignes soit retombé » soulignent les associations. « Pour que les ouvriers reviennent travailler dans la parcelle après une pulvérisation, le temps d'attente recommandé est parfois de 48 heures », souligne Cyril Giraud, de l'ONG Générations futures.

    Pour appuyer leur demande de zone tampon autour des écoles, les associations ont rendu public le 15 février dernier les résultats de prélèvements effectués dans une école et huit habitations du Médoc. Ces analyses montrent que les produits chimiques d'origine agricole « se retrouvent à l'intérieur d'immeubles situés à plusieurs centaines de mètres des exploitations ».