Exclu : le nouvel album de David Byrne en écoute

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Exclu : le nouvel album de David Byrne en écoute

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David Byrne / Photo par Jody Rogac
David Byrne / Photo par Jody Rogac
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L’ancien leader des Talking Heads revient avec ‘American Utopia’, son premier album solo depuis 2004.

Et si la voix dont avait besoin l’Amérique aujourd’hui était celle de David Byrne ? Dans la tempête du trumpisme et alors que les colères éclatent partout outre-atlantique, l’ancien chanteur des Talking Heads pourrait-il, depuis le phare que reste New-York, contribuer à ré-enchanter le pays de l’Oncle Sam ? Même pour la voix d’or de This Must Be The Place , la tâche s’annonce ardue. Et pourtant, c’est animé d’un irréductible optimisme qu’entend revenir l’attachant David Byrne cette année avec la sortie le 09 mars d’American Utopia, son premier album « solo » depuis 2004.

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A 65 ans, le New-Yorkais n’a pourtant pas cessé de multiplier les casquettes lors de la dernière décennie, développant son label Luaka Bop, produisant pour d’autres, lançant même sa webradio avant d’offrir sa voix à des titres de quelques jeunes pousses. C’est aussi avec d’autres mains que Byrne a composé l’essentiel de ses dernières productions, ses trois derniers disques (dont une bande-originale) l’ayant fait rentrer en studio avec St. Vincent, Fatboy Slim ou encore avec l’ami de toujours Brian Eno.

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Rien de surprenant donc à voir le sorcier du son anglais de nouveau crédité sur ce nouvel American Utopia, où sont également associés le talentueux Sampha, Oneohtrix Point Never et le producteur écossais Rodaidh McDonald (actif sur le projet DRC Music notamment). Premier extrait dévoilé le mois dernier, *Everybody's Coming To My House * s’affichait comme un titre frénétique, où Byrne rappelle la voix haute perchée notre condition de « touristes dans cette vie » dans un fourre-tout d’instrumentations pop et électroniques.

Une confusion mentale entretenue dès le titre introductif du disque. I Dance Like This  se veut ainsi un miroir déformant où semble cohabiter deux David Byrne. D’un côté, le conteur pop bienveillant s’appuyant sur un piano moelleux. De l’autre, un spectre schizophrène scandant des refrains robotiques et acérés. Une dualité qui traverse l’ensemble de cet album, comme le signe d’un monde complexe et contraire que Byrne cherche à embrasser aujourd'hui pour mieux le dépasser.

David Byrne et Brian Eno à Mexico en 1980 | Goldsmith/Getty
David Byrne et Brian Eno à Mexico en 1980 | Goldsmith/Getty
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Malgré le constat implacable qu’il tire de cette réalité, Gazoline and Dirty Sheets  se conclut pourtant sur un espoir, celui en somme d’une volonté humaine plus forte que tout. Doué d’une basse gonflée à bloc, ce titre au groove froid va même s’acoquiner avec un harmonica pour porter la voix - fatalement - chaleureuse de Byrne. Presque euphorique, *Every Day is a Miracle * poursuit tel un véritable trait d’humour, avec son poulailler paradisiaque en forme de théâtre réjouissant où se croisent le pape, des éléphants, et bien plus encore, sur fond de percussions exotiques. Une métaphore animalière également au coeur du solennel Dog Minds,  un titre qui en deviendrait presque sirupeux s’il n’était pas aussi piquant dans ses textes.

Au final, la voix grandiose de Byrne, son aisance dans tous les registres forme bien encore la part du lion de cet album. Elle reste assurément le fil rouge et l’argument principal de l’ex frontman des Talking Heads. Mais que ce soit sur le beat néo-futuriste de Doing The Right Thing  ou par les cordes rock d’It’s Not Dark Up Here,  la multitude sonore mise en jeu par le New-Yorkais sur son nouvel album témoigne aussi, et au-delà des apports collaboratifs, de l’horizon musical impressionnant dans lequel David Byrne se projette désormais. Le rêve américain peut souffler.

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