Depuis une semaine, les relations entre Athènes et Ankara sont redevenues conflictuelles, suite à l'arrestation de deux militaires grecs. Ce qui inquiète dans un climat d'escalade des tensions entre les deux pays.
De notre correspondant en Grèce. Une nouvelle pomme de discorde a surgi entre la Grèce et la Turquie : l'arrestation de deux soldats grecs par l'armée turque, le 2 mars. L'état-major grec admet que les deux hommes, patrouillant par mauvais temps à la frontière gréco-turque, ont pénétré de quelques mètres le territoire turc. Cette zone frontalière est réputée pour être un point de passage de clandestins et les soldats les pistaient, indique, en substance, Pános Kamménos, le ministre grec de la Défense. Athènes a donc demandé leur libération à Ankara. Lundi, un tribunal turc a décidé de les maintenir sous les verrous.
Selon Dimitris Tzanakopoulos, porte-parole du gouvernement grec, il n'y aurait toutefois pas de « thriller politique sans fin » entre la Grèce et la Turquie. Mais « tout le monde parle d'un piège », d'après le quotidien Ta Néa.
Cette suspicion résulte de l'escalade de tensions entre les deux pays membres de l'Otan. Athènes refuse d'extrader huit officiers turcs réfugiés en Grèce après le coup d'État manqué en Turquie, en juillet 2016. De plus, la Grèce déplore les violations de ses espaces maritimes et aériens, en hausse depuis un an. Il y a quinze jours, un patrouilleur turc a, par ailleurs, percuté une frégate grecque en mer Égée. Enfin, au large de Chypre, île divisée entre hellénophones et turcophones (minoritaires), les ressources gazières et pétrolières attisent les convoitises des Turcs. Ces derniers ont même menacé de faire couler le navire de forage de la firme italienne Eni, prêt à entamer ses explorations dans les eaux chypriotes.
En fait, les Grecs craignent qu'Ankara conteste le traité de Lausanne. Signé en 1923, celui-ci définit les frontières actuelles en Europe et au Moyen-Orient. Dans une Mer Égée orientale déjà particulièrement déstabilisée par les conflits au Proche-Orient, le risque qui se fait jour est celui d'un dangereux thriller géopolitique.