Par Marie-Laure Gobin
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Pour leurs déchets, la CdC de Haute Saintonge, comme d'autres collectivités, devra trouver d’autres solutions.

C’est une information qui ne s’est pas ébruitée, sauf depuis hier à la faveur d’une réunion publique que le maire de Clérac Guy Pasquet, vent debout, annonce pour vendredi prochain (1). Il veut expliquer à la population « la démarche contestable de la société Sotrival, filiale de Suez qui a validé sa volonté de fermeture du centre de tri de Clérac lors d’une réunion du personnel le 6 mars dernier ». Une fermeture annoncée pour le 15 juin prochain. Guy Pasquet dit avoir reçu la direction de Sotrival le jour même : « Elle a précisé le calendrier envisagé pour le reclassement de ses collaborateurs concernés. Sur les 33 postes, huit sont traités par mutation, démission ou cause médicale et les 25 autres restent à considérer. Les collaborateurs seront reçus individuellement avant le 7 mai », indique, en outre, le maire dans un communiqué.

« On s’est fait manipuler »

Alors pourquoi cette fermeture ? « Parce que, face aux nouvelles contraintes réglementaires qui prévoient, d’ici à 2022, l’extension des consignes de tri jusqu’au moindre pot de yaourt ou de crème, eh bien le centre de tri de Clérac n’est plus aux normes. Et aucun investissement n’a été réalisé », indique-t-on à la Communauté de Communes de Haute Saintonge (CdCHS) qui gère la collecte et le traitement des déchets. Ce centre de tri, c’est 12 à 13 000 tonnes de déchets annuels récoltés à part dans les sacs jaunes, provenant des ménages et de collectivités, dont près de 4 000 issus de la seule Haute Saintonge.

Guy Pasquet le dit, « nous, à la commune de Clérac ainsi que les services de l’État, nous avons vraiment l’impression de nous être fait manipuler. Voilà quelques années, quand il s’est agi d’obtenir l’autorisation d’agrandir le site, l’exploitant a fait des promesses qu’il n’a pas tenues ». Il évoque les années 2013/2014, quand Sotrival portait le projet Écopôle, un lourd dossier d’agrandissement et de diversification du centre de stockage et de valorisation des déchets ménagers et industriels (lire ci-contre).

Une étude en cours

Du côté de la Communauté de communes de Haute Saintonge, on n’en pense pas moins : « L’exploitant n’a tenu son engagement que sur l’agrandissement du trou d’enfouissement, en somme, la partie qui demande peu d’investissement mais qui rapporte beaucoup d’argent. Le reste n’a pas été réalisé. »

Au-delà du mauvais coup pour l’emploi, c’est toute la Haute Saintonge mais d'autres collectivités qui doivent trouver d’autres solutions. Certaines, dont les déchets sélectifs rejoignaient Clérac, ont déjà trouvé d’autres solutions par ailleurs puisqu’il semble bien que le bruit de cette fermeture courait depuis l’automne.

En tout cas, pour l’avenir, plusieurs collectivités de Charente-Maritime ont confié à un cabinet spécialisé une étude portant sur le potentiel de déchets à trier dans le département. Ses conclusions sont attendues pour le 15 mars.

Trois solutions se présenteront alors : la création d’un nouveau centre de tri dans le sud (en plus de celui de La Rochelle) ; ou bien le partage d’un seul site pour tout le monde ; ou encore le transfert des déchets vers d’autres sites existants.

(1) Réunion publique vendredi 16 mars, à 20 heures, salle des fêtes de Clérac.

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Ecopole : promesses non tenues

À Clérac, Sotrival, en charge du tri, du traitement et de la collecte des ordures ménagères pour les 129 communes de Haute Saintonge et plusieurs autres collectivités, gère un centre d’enfouissement d’une capacité de 180 000 tonnes, pour les ordures ménagères et les déchets industriels banals, et un centre de tri (sélectif) provenant des ménages et de diverses collectivités.Or, le projet d’Écopôle, promis voilà quelques années par Sotrival pour justifier l’extension de son site (porté de 35 à 80 hectares) auprès des services de l’État et des élus de Clérac, portait d’autres investissements finalement jamais réalisés : comme, par exemple, l’agrandissement et la modernisation du centre de tri dont il est question aujourd’hui ; mais aussi la création d’une unité de production de combustibles de substitution devant alimenter de grosses chaudières industrielles (cimenteries, papeteries…) ; ou encore la création d’une unité de méthanisation de 20 000 tonnes par an, à partir des biodéchets des ménages, des gros producteurs comme les cantines et les restaurateurs et les produits alimentaires périmés des grandes surfaces.