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Près de 6 % des entreprises françaises sont en difficulté, selon Coface

L'assureur-crédit s'est intéressé aux entreprises endettées, peu productives et peu rentables, dites « zombies ». Celles-ci, qui survivent grâce aux taux d'intérêt bas, sont en augmentation en France.

Par Guillaume de Calignon

Publié le 7 mars 2018 à 17:06

C'est l'éternelle histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein. Les politiques monétaires ultra-accommodantes mises en oeuvre par les banques centrales ont permis de surmonter la crise. Mais elles ont eu des conséquences néfastes dans certains domaines. Elles ont notamment augmenté le nombre d'entreprises « zombies », selon l'assureur-crédit Coface. Sous ce vocable se cachent des entreprises créées avant 2010, très endettées, peu rentables, le rendement du capital investi étant inférieur à 1 % sur les trois dernières années, et insolvables, le paiement des intérêts étant supérieurs au résultat opérationnel au cours des trois dernières années.

Selon les calculs des économistes de Coface, en 2016, ces « zombies » représentaient 4,6 % des entreprises hexagonales. Elles survivent d'abord grâce aux taux d'intérêt très bas qui leur permettent d'obtenir des crédits bon marché. Le Japon, dans les années 1990 et 2000 lors de la déflation, a déjà expérimenté ce phénomène mais son taux d'entreprises « zombies » était nettement plus élevé, de l'ordre de 10 à 15 %.

Des survivantes qui pèsent sur le potentiel de croissance

Le problème, c'est que « le maintien en vie de ce type d'entreprises peut être préjudiciable à l'économie d'un pays dans son ensemble, s'alarme Bruno de Moura Fernandes, économiste chez Coface. Car les entreprises « zombies » sont peu productives et elles tirent donc les gains de productivité à la baisse et la croissance du PIB aussi. »

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Autre point négatif, elles captent une partie des prêts et des capitaux disponibles alors que ces ressources seraient utilisées plus efficacement par d'autres entreprises, plus jeunes, plus innovantes et plus productives. Ce qui, là encore, fait baisser la croissance potentielle de la France. Tout se passe comme si l'absence de destruction créatrice, un des fonctionnements essentiels du capitalisme selon l'économiste autrichien Joseph Schumpeter, expliquait la stagnation séculaire, c'est-à-dire une faible croissance de ces dernières années, théorie, elle, chère à l'américain Robert Gordon.

5,7 % des entreprises françaises sont en difficulté

Dans le même temps, les défaillances d'entreprises ont reculé avec l'amélioration graduelle de la conjoncture. Entre janvier 2017 et 2018, sur douze mois, 53.414 entreprises ont fait défaillance, soit un recul de 8,3 % sur un an. Sur le seul mois de janvier, les défaillances ont même chuté de 15 %. Et leur coût est aussi en baisse. En 2017, l'encours de dettes fournisseurs non remboursées a représenté 3,2 milliards d'euros, soit près de 500 millions d'euros en moins qu'en 2016.

Mais une simple analyse des défaillances « peut donner une image biaisée de la fragilité des entreprises d'une économie », estiment les économistes de Coface. Quand on additionne les défaillances et les entreprises « zombies », alors 5,7 % de toutes les entreprises françaises étaient en difficulté en 2016. Certes, c'est moins qu'en Italie et en Espagne, mais c'est plus qu'en Allemagne. Et surtout, ce taux est supérieur à celui de 2013. Il n'a pas diminué depuis la reprise.

Quand on sait que le taux d'endettement des entreprises est passé de 60 % du PIB fin 2010 à 71,6 % à la fin de l'année dernière, la vigilance est donc de mise, particulièrement à l'heure où la Banque centrale européenne s'apprête à mener une politique monétaire moins accommodante.

Guillaume de Calignon

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