Le FN peine à garder ses élus

    25 % des conseillers municipaux FN élus en 2014 ont depuis tiré leur révérence. Un vrai casse-tête pour le parti qui, réuni ce week-end en congrès à Lille, veut soigner son implantation locale.

     Dernière défection en date pour le parti de Marine Le Pen, celle de Claudine Kauffmann, la suppléante de David Rachline au Sénat.
    Dernière défection en date pour le parti de Marine Le Pen, celle de Claudine Kauffmann, la suppléante de David Rachline au Sénat. LP / Arnaud Dumontier

      « S'implanter, s'allier, gouverner ». C'est le nouveau triptyque qui sera décliné ce week-end par Marine Le Pen lors du congrès de refondation du FN à Lille (Nord). Au-delà du changement de nom, le mouvement mise donc sur l'implantation locale pour donner un nouveau souffle au parti.

      Reste que le Front a beau avoir marqué de considérables points sur ce terrain - en multipliant par onze le nombre de ses élus locaux depuis 2012 - il n'en demeure pas moins confronté à un problème de taille : les défections en série. Dernier exemple en date ce jeudi, avec l'annonce du départ du FN de la sénatrice du Var Claudine Kauffmann. La suppléante de David Rachline avait été suspendue par le parti en octobre dernier pour cause de profil Facebook douteux. Après le député José Evrard, parti avec armes et bagages chez Les Patriotes de Florian Philippot, elle n'en demeure pas moins la deuxième parlementaire à quitter le navire.

      Ses plus grosses difficultés, le FN les rencontre toutefois auprès de ses conseillers municipaux. Selon les données collectées par la cellule DATA du Parisien-Aujourd'hui-en-France - qui a épluché le registre des élus - plus de 500 élus aux municipales de 2014 manquent désormais à l'appel. Soit tout de même plus de 25 % des effectifs. Le Front devance ainsi toutes les autres formations politiques (voir infographie ci-dessous). De quoi tordre le cou à l'argument favori des dirigeants frontistes qui assurent que le FN n'est pas plus touché que les autres.

      Et encore, ce chiffre ne prend en compte que ceux qui ont pris leurs cliques et leurs claques. Les élus qui continuent à siéger sans étiquette, ou sous une autre bannière politique n'y figurent pas. Du coup, les défections sont en réalité nettement plus nombreuses. Mais très difficile à quantifier.

      «On a une lacune sur la formation»

      Bien des raisons - personnelles notamment - peuvent expliquer ces départs, mais pour cet ancien élu frontiste : « C'est aussi parce que les conseillers municipaux ne sont pas du tout pris en charge par le parti ».

      La situation est moins saisissante dans les conseils régionaux, mais depuis décembre 2015, quarante-sept conseillers (sur 357) ont quitté le Front, dont 25 pour rejoindre les Patriotes. « Le phénomène s'est accentué depuis la présidentielle, et va prendre de l'ampleur après le congrès quand les élus vont se rendre compte que la refondation ne débouche sur rien », assure un soutien de l'ancien bras droit de Marine Le Pen.

      Le secrétaire national aux fédérations du FN, Jean-Lin Lacapelle minore le phénomène - « nous avons aussi beaucoup de ralliements d'élus d'autres partis », souligne-t-il - mais concède : « On a une lacune sur la formation. On va mettre le paquet là-dessus cette année, pour les élus, mais aussi pour les militants ». Un « journal des élus » va également bientôt sortir. Et pour les prochaines municipales, le FN veut monter en gamme sur la sélection de ses candidats : « On va privilégier la qualité à la quantité. Et on envisage de tous les auditionner avant de les investir », précise Lacapelle. Histoire d'être sûr d'avoir cette fois-ci des élus très motivés…