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Le malaise de la solitude à l'ère des réseaux sociaux

Une femme est assise sur les marches d'un escalier. Elle est entourée d'une foule.

Peut-on se sentir seul à l'ère des médias sociaux?

Photo : iStock / spfoto

Radio-Canada

CHRONIQUE – Démarrer l'événement SXSW avec une discussion sur la solitude au temps des réseaux sociaux est assez ironique. Dans les couloirs du Austin Convention Center, il ne manque pas de gens qui regardent leur téléphone intelligent en slalomant entre les obstacles.

Un texte de Denis Wong

« Est-ce que je suis toujours ami avec une personne qui aime ce que j’affiche sur Facebook? Si je vois ses enfants sur les réseaux sociaux après plusieurs années, est-ce que je suis toujours connecté avec cette personne? »

Pour Billy Baker, journaliste au Boston Globe et panéliste à SXSW, ces questions se sont invitées subitement dans sa vie, lorsqu’on lui a assigné l’écriture d’un reportage sur « les hommes d’âge moyen qui n’ont pas d’amis » (Nouvelle fenêtre). Son article est devenu l’histoire la plus virale du Boston Globe depuis 10 ans.

Qu’est-ce que qui se cache derrière ce malaise de notre temps?

« Nous sommes en train d’abandonner notre socialisation originale et nous la remplaçons par le réseautage numérique, par les médias sociaux, et par tout ce qui s’y rattache. Cesser de se rencontrer, d’avoir des amis ou de simplement passer du temps ensemble est dangereux. Quand on regarde les études à ce sujet, les effets néfastes sur la santé sont aussi sérieux que de se mettre à fumer ou de devenir terriblement obèse. »

Avant l’avènement d’Internet, 20 % des adultes américains disaient se sentir seuls. Ce chiffre aurait aujourd’hui doublé et ce n’est probablement que la pointe de l’iceberg.

« Personne ne veut admettre qu’il est comme l’élève qui mangeait seul à la cafétéria », mentionne le journaliste.

Après la publication de son article en mars 2017, Billy Baker dit avoir reçu une avalanche de courriels et de messages provenant de gens qui se disaient touchés ou qui lui demandaient conseil. Semble-t-il qu’il y ait encore beaucoup de gens qui mangent seuls à la cafétéria.

Prendre conscience de ses habitudes

L’auteure et conférencière Amy Blankson étudie la question du bonheur à l’époque du numérique. Elle remarque que les gens sous-estiment grandement le temps qu’ils passent à utiliser leur téléphone intelligent. Les Canadiens passeraient d’ailleurs près de huit heures par jour devant un écran, qu'il s'agisse de leur téléphone cellulaire, de leur tablette numérique ou de leur téléviseur. De telles habitudes minent la qualité de nos interactions avec les autres, selon la panéliste de SXSW.

« L’une des études les plus frappantes à ce sujet a conclu que la seule présence d'un téléphone intelligent dans son champ de vision diminue la concentration et la capacité à échanger avec une autre personne. Même si vous n’y touchez pas ou ne le regardez pas. »

Essentiellement, on est distrait parce que le cerveau anticipe carrément une nouvelle notification ou un nouveau prétexte de regarder son téléphone. Pour rétablir des connexions plus humaines, Amy Blankson estime qu’il faut commencer par bien définir nos intentions numériques. Est-ce que nos interactions et nos comportements en ligne sont sincères?

« Quand nous ne prenons pas le temps de réfléchir aux raisons pour lesquelles nous utilisons notre téléphone ou les réseaux sociaux, cela devient simplement un réflexe ou une impulsion, » précise l’auteure.

Pour Billy Baker, la solution est encore plus simple. Après la publication de son article dans le Boston Globe, il a lui-même tenté de renouer avec des amis qu’il avait perdus de vue. Il assure que la majorité de ces personnes se sont montrées très réceptives à ces efforts, même si l’un de ses anciens amis ne se souvenait pas de lui.

« L’art de simplement passer du temps ensemble peut changer notre vie, affirme-t-il. C’est un sujet qui est dans l’air du temps. » En pointant vers la salle bondée de gens venus écouter cette conférence sur la solitude (Nouvelle fenêtre), il ajoute : « Regarde combien de personnes sont venues participer à une conversation sur la solitude. »

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