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Réduire le trafic routier pour réduire l'impact sanitaire de la pollution

LE CERCLE/TRIBUNE - La pollution issue du trafic routier est la plus nocive. Réduire, en ville, le nombre de voitures thermiques améliorerait la qualité de l'air et ainsi la santé des habitants.

A Paris, chaque épisode de pollution aux particules fines entraîne une augmentation significative des consultations aux urgences pour exacerbation d'asthme.
A Paris, chaque épisode de pollution aux particules fines entraîne une augmentation significative des consultations aux urgences pour exacerbation d'asthme. (Shutterstock)

Par tribune collective

Publié le 9 mars 2018 à 08:48

Parmi ses nombreuses sources, la pollution la plus nocive est celle issue du trafic routier. Les particules émises par les véhicules à moteur thermique sont les plus toxiques en raison de leur taille (particules ultrafines à 90 %) et de leur composition. Ces particules - de gazole notamment - sont en effet recouvertes de métaux et d'hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) cancérigènes, et responsables de maladies cardio-vasculaires et respiratoires.

Ainsi, en Europe, une simple augmentation annuelle de 5 microgrammes (μg)/par mètre cube en particules fines s'accompagne d'une augmentation de 13 % du risque d'infarctus et de 19 % du risque d'accident vasculaire cérébral. En plus des particules ultrafines, le trafic routier - principalement diesel - représente à Paris plus de 60 % des émissions de NO2 (dioxyde d'azote) dont les effets respiratoires et cardio-vasculaires sont également dévastateurs.

Pollution et pathologies

Dans la capitale, chaque épisode de pollution aux particules fines entraîne une augmentation significative des consultations aux urgences pour exacerbation d'asthme. Des particules ultrafines issues du trafic sont même retrouvées dans les poumons des jeunes enfants asthmatiques parisiens ainsi que dans la circulation sanguine ombilicale, entraînant des anomalies du développement du foetus. Lorsque la mère a été exposée pendant la grossesse, le risque de prématurité et de petit poids de l'enfant à la naissance augmente significativement.

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Selon plusieurs études parues dans les plus grandes revues internationales de médecine, habiter à moins de 75 mètres d'un axe à fort trafic augmente de 38 % la mortalité cardio-vasculaire, mais aussi de 22 % le risque d'accident vasculaire ischémique et majore à terme le risque de démence, de diabète, de cancer du poumon.

Tout cela implique que, en dehors de pics de pollution, l'exposition à long terme aux polluants atmosphériques - même à des concentrations en polluants inférieures aux normes en vigueur - est à l'origine de pathologies qui se développeront à la suite de plusieurs années d'exposition.

Le diesel, banni à Tokyo

Des mégapoles de par le monde ont montré qu'il est possible d'améliorer la qualité de l'air et la santé des habitants. Restreindre le trafic routier constitue une mesure phare dans la réduction des émissions des polluants atmosphériques ayant des répercussions concrètes sur la santé. Ainsi l'éviction des véhicules diesel à Tokyo a permis en quelques années de diminuer de 44 % la concentration en particules fines, de 11 % la mortalité cardiaque et de plus de 20 % la mortalité respiratoire. Actuellement, aucun nouveau médicament ne pourrait se targuer d'une telle efficacité en santé publique.

Alors nous, médecins, chercheurs, professionnels de santé publique, ne pouvons qu'être favorables à toute mesure visant à diminuer le trafic routier. La piétonnisation des voies sur berge ainsi que d'autres lieux de trafic fait partie des mesures qui peuvent réduire le trafic routier « thermique ». Elles doivent être coordonnées avec les nombreuses autres mesures qu'une politique de la ville tournée vers la santé peut et doit mettre en place comme le remplacement des véhicules polluants ou l'amélioration des transports en commun. Nous ne pouvons plus nous permettre d'attendre !

Cette tribune est signée par un collectif de médecins et de chercheurs :

Pr Bruno Housset, pneumologue, chef du service de pneumologie au centre hospitalier intercommunal de Créteil ; Pr Jocelyne Just, pneumopédiatre, chef du service d'allergologie pédiatrique, hôpital Armand-Trousseau ; Pr Thomas Similowski, pneumologue, chef du service de pneumologie et réanimation médicale, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière-Charles-Foix ; Dr Gilles Dixsaut, médecin hospitalier, Assistance publique-Hôpitaux de Paris ; Pr Alexandre Duguet, pneumologue, vice-doyen de la faculté de médecine Pierre-et-Marie-Curie Paris-VI ; Dr Thomas Bourdrel, radiologue ; Pr Isabella Annesi-Maesano, épidémiologiste, directrice de recherche à l'Inserm ; Jean-Baptiste Renard, directeur de recherche au LPC2E-CNRS à Orléans.

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